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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LE MYSTÈRE DU SOMMEIL
La Santé
L'Art d'Être

Chapitre 21
1° partie
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Nous voyons dans notre vie quotidienne que le plus grand ami de l'enfant est celui qui l'aide à s'endormir. Nous pouvons donner plein de jouets, plein de poupées et de bonbons, mais, quand on aide l'enfant à s'endormir, c'est alors qu'il a la plus grande reconnaissance. Quand la mère l'endort de ses mains bénies, cela est pour le plus grand bénéfice de l'enfant; c'est alors qu'il est le plus heureux.

 

Ceux qui sont malades et qui souffrent, si seulement ils peuvent dormir, sont heureux; toute leur souffrance est alors partie; si seulement ils peuvent dormir, ils disent qu'ils peuvent supporter tout le reste. Ils demandent au docteur: " Donnez-nous quelque chose, n'importe quoi pour nous faire dormir." Si l'on vous offrait le palais d'un roi et toutes les distractions possibles, tous les luxes, les meilleurs entourages, les meilleurs mets, à la condition que vous ne dormiez pas, vous diriez: "Je n'en veux pas, je préfère mon sommeil ."

 

Quelle est la différence entre celui qui est heureux et celui qui est malheureux? Seulement celle-ci: que celui qui est malheureux ne peut pas dormir. La tristesse, le tracas, l'anxiété, le tourment qu'il a lui enlèvent instantanément le sommeil. Pourquoi est-ce que les gens s'adonnent aux boissons alcooliques et aux drogues de toutes sortes? Seulement à cause de cela. Quand un homme a bu de l'alcool, à cause de la forte action de la substance, un léger sommeil l'envahit; ses mains et ses pieds s'endorment, sa langue dort, il ne peut pas parler clairement, il ne peut pas marcher droit et il tombe. La joie de ce sommeil est si grande qu'ayant bu une fois, il veut boire encore. Il décidera à mille reprises de ne plus boire, mais il le fera quand même.

 

Il y a des vers de notre grand poète Roumi où il dit: "Ô sommeil! Chaque nuit tu libères le prisonnier de ses liens." Le prisonnier, quand il est endormi, ne sait pas qu'il est en prison, il est libre. Le misérable n'est plus misérable, il est content. Celui qui souffre n'est plus dans la peine ou la misère. Cela nous montre que l'âme n'est ni dans la douleur ni dans la misère. Si elle l'était, elle le serait aussi quand le corps est endormi. L'âme ne ressent pas la misère du corps et du mental, mais quand l'individu s'éveille, alors l'âme pense qu'elle souffre et qu'elle est misérable. Cela nous montre quelle grande bénédiction est le sommeil.

 

Cette grande bénédiction nous est donnée sans que nous ayons à payer comme tout ce qui a la plus grande valeur. Nous ne payons pas pour dormir. Nous payons des millions pour des bijoux, pour des pierres précieuses qui n'ont aucune utilité pour notre vie - le pain, nous pouvons l'acheter pour quelques sous. L'homme n'a pas idée de la grande valeur du sommeil, parce que le bénéfice qu'il procure ne peut être vu ni touché. S'il est très occupé, s'il a quelque affaire qui lui rapporte de l'argent, l'homme s'en occupera de préférence et il prendra sur son sommeil parce qu'il voit: "J'ai gagné tant de livres sterling, tant de francs." Il ne voit pas ce qu'il gagne par le sommeil.

 

Quand nous sommes endormis, nous faisons ordinairement l'expérience de deux conditions: le rêve et le sommeil profond. Le rêve est l'activité incontrôlée du mental. Quand nous sommes éveillés et que notre mental travaille en dehors de notre contrôle, il nous montre des images qui proviennent de son stock d'impressions, et nous appelons cela imagination. Quand nous contrôlons l'activité du mental, nous appelons cela pensée. Les imaginations qui viennent pendant le sommeil, nous les appelons rêves. Nous ne disons pas qu'ils sont réels parce que notre état de veille nous montre quelque chose de différent; mais tant que l'état de veille est absent, le rêve est réel.

 

Pendant le sommeil profond, une personne n'est d'habitude consciente de rien. Quand elle se réveille, elle se sent rafraîchie et comme renouvelée. Que faisons-nous quand nous sommes profondément endormis? L'âme est alors libérée de l'emprise du corps et du mental. Elle est libre, elle va à son propre élément, dans les sphères les plus élevées, et elle jouit d'y être. Elle est heureuse, elle fait l'expérience de tout le bonheur, de toute la sagesse de ces sphères, elle jouit de toute bénédiction, de toute paix.

 

En dehors du rêve et du sommeil profond, il existe les visions. On les éprouve lorsque l'âme, dans le sommeil, est active dans les sphères les plus élevées. Ce qu'elle voit là, le mental l'interprète en images allégoriques. L'âme voit clairement la chose réelle et le mental prend dans ses propres impressions ce qui est plus ou moins semblable à ce que l'âme voit. Par conséquent, c'est vu comme une image, une allégorie, une parabole que le sage peut interpréter parce qu'il connaît le langage de ces sphères. S'il se voit en train d'escalader une montagne, il sait ce que cela signifie; s'il se voit lui-même en haillons ou très richement habillé, dans un bateau, dans un désert, il sait ce que cela signifie. L'ignorant ne le sait pas, il pense que c'est seulement un rêve, que ce n'est rien.

 

Un individu voit dans une vision soit ce qui le concerne lui-même, soit ce qui concerne les autres auxquels il prend intérêt. S'il prend intérêt à son pays ou à la totalité de l'humanité, il verra ce qui concerne son pays ou la totalité de l'humanité.

 

Dans un songe, on peut entendre une voix ou recevoir un message donné sous forme d'écriture. Les sages et les saints voient, dans une vision, exactement ce qui arrivera, ou bien la condition présente telle qu'elle est, parce que leur mental est contrôlé par leur volonté; même au cours du sommeil, ce mental ne pense pas un instant qu'il pourrait agir indépendamment de leur volonté. Et ainsi, quoi que l'âme voie, le mental le montre exactement comme c'est vu. Les sages et les saints voient des visions même étant éveillés, parce que leur conscience n'est pas liée à ce plan terrestre et qu'elle agit librement sur les plans plus élevés.

 

En dehors du rêve, de la vision et du sommeil profond, le mystique fait l'expérience de deux autres conditions: le rêve qu'il provoque lui-même et le sommeil profond qu'il provoque lui-même. Accomplir, cela est le but du mysticisme. C'est si facile que je peux vous l'expliquer par ces quelques mots, et c'est si difficile que je voudrais incliner la tête devant celui qui y est arrivé. C'est accompli par la méditation et la concentration.

 

Pouvez-vous tenir une seule pensée dans votre esprit en éloignant toutes les autres pensées? Pouvez-vous garder votre mental libre de toute pensée, de toute image? Nous ne pouvons pas: mille pensées, mille images vont et viennent. En maîtrisant cela, le mystique maîtrise tout. Alors il est éveillé sur ce plan-ci et sur le plan plus élevé; alors, celui-ci devient sommeil et l'autre, l'état éveillé.

 

Les gens peuvent dire que les mystiques, les Soufis sont de grands occultistes, des gens de grand développement psychique. Cela n'est pas leur but; leur but est la vraie conscience, la vraie vie, la Conscience qui est au-delà: Allah. Quand cela est ouvert devant eux, alors toute vision est ouverte pour l'âme.

 

Vous pourriez peut-être dire: «Alors les gens paresseux qui dorment tout le temps sont tous des saints.» Non. L'âme doit faire l'expérience de ce qui est sur terre aussi. Elle doit apprendre ce que c'est que la vertu, elle doit apprendre à être vertueuse.

 

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