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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


La réalisation de soi
Le privilège d'être humain
L'Art d'Être

Chapitre 5
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

La première chose est de parvenir à l'état humain. Ce n'est pas assez d'avoir la forme humaine, nous devons être humains. Si nous pensons que nous mangeons et qu'ainsi nous sommes humains - les animaux et les oiseaux aussi mangent. Si nous pensons que nous dormons et qu'ainsi nous sommes humains - tous les animaux et tous les oiseaux dorment. Si nous donnons libre cours à notre colère et à nos passions, les animaux ont tous leurs colères et leurs passions. Tout cela ne suffit pas à rendre un homme humain.

 

On raconte dans l'Inde qu'il y avait deux Madzubs à Lahore. Les Madzubs sont ceux dont l'intérêt dans la spiritualité est si grand qu'ils oublient complètement leur personnalité physique et même leurs vêtements. Nous autres dans l'Inde, nous les connaissons et nous les respectons; s'ils passent, ayant oublié leurs vêtements, nous détournons seulement les yeux. Ces deux Madzubs étaient l'un un homme et l'autre une femme; quand ils se rencontraient dans la rue, on pouvait voir que l'homme essayait d'éviter la femme, et que la femme essayait d'éviter l'homme et ils montraient des signes de confusion tandis qu'à l'habitude ils ne montraient aucun souci. Un prêtre qui marchait derrière le Madzub homme le suivit pendant trois jours en pensant " Je dois trouver pourquoi il en est ainsi ". A la fin, au bout des trois jours le Madzub lui dit: " Pourquoi me suivez-vous? Que voulez-vous de moi? " Le prêtre répondit: " J'ai vu que lorsque vous rencontriez la Madzub vous vous couvriez. Pourquoi cela? " Le Madzub mit ses mains sur la tête du prêtre et lui dit: " Maintenant, allez et regardez le monde, et ensuite revenez". Le prêtre s'en alla dans la ville et en regardant chaque personne, il vit sur la tête d'un homme la tête d'un chien et sur le corps d'une femme la tête d'un chat ou d'un chameau ou de quelque autre animal. Seule, la Madzub femme avait une tête humaine. Il revint vers le Madzub et lui raconta ce qu'il avait vu. Le Madzub dit au prêtre: " Cela, on ne doit jamais le raconter parce que le monde serait offensé. Maintenant vous avez vu comment est le monde et pourquoi cela n'a pas d'importance pour moi d'apparaître tel que je suis devant le monde. Mais vous étonnez-vous que je me couvre seulement devant l'autre Madzub? " Cela pour montrer comme nous devons nous efforcer de devenir au moins humains d'abord.

 

Si nous ne pouvons nous montrer dignes de confiance envers notre entourage, envers ceux qui dépendent de nous, nous ne sommes pas humains. Si nous ne pouvons montrer d'esprit de sacrifice envers notre entourage, nos relations, nous ne sommes pas humains. Si nous nous comparons soigneusement aux animaux nous verrons certainement ce que nous devons être afin d'être humains. Nous devons avoir de la tolérance; l'animal n'a pas de tolérance. Nous devons être vrais; l'animal n'a pas de vérité. Nous devons connaître la honte; l'animal n'a pas de honte. Nous devons tenir nos promesses; l'animal ne peut le faire. Nous devons partager avec les autres; l'animal ne partage pas, il s'assied devant son écuelle de nourriture et même s'il a assez mangé, il ne laissera pas un autre animal s'approcher. Nous devons être obligeants, l'animal n'est pas obligeant pour un autre. Nous devons avoir de la sympathie; l'animal n'a pas de sympathie. Nous devons abandonner telles actions qui nous apportent une joie momentanée mais dont nous nous repentons par la suite. Parfois nous faisons quelque chose et sur le moment nous sommes contents, et ensuite nous nous repentons pendant des années. Nous devrions faire échec à ces passions animales qui nous entraînent hors de notre chemin. Pour cela, il y a une grande récompense; pour chaque petite tentative que nous réussissons dans ce sens, à chaque fois que nous prenons, si peu que ce soit, le contrôle de ces passions, il y a une grande récompense.

 

Combien de fois ne devenons-nous pas une source de perturbation pour nous-mêmes et pour les autres par notre manque de qualités humaines? Combien de fois ne nous contrarions-nous pas nous-mêmes? Devenir humain est la chose la plus difficile. Un grand poète indien Hali, dit ceci: " Qu'est-ce qui peut être facile quand même il est difficile pour un homme de devenir un homme!» Combien avons-nous à apprendre, avant de pouvoir dire que nous sommes vraiment humains!

 

C'est par cette qualité de sympathie qu'un homme devient humain, par sa bonté envers un autre. Quand le moi animal qu'on appelle nafs est devant l'homme, il veut tout prendre pour son propre bénéfice. Quand il se développe en sympathie, quand il peut sacrifier son "moi" pour le bénéfice d'un autre, alors il réalise cette morale dont la croix est le symbole. Alors il devient "farishta", un ange envoyé sur terre; et ensuite il devient Dieu.

 

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Le privilège d'être humain       La nature animale

 

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