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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


La patience
Le privilège d'être humain
L'Art d'Être

Chapitre 43
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

"Patience", ce seul mot est la chose la plus pesante qui soit. Pour celui qui est dans les ennuis et les difficultés, pour celui qui est dans le chagrin, pour celui qui est dans l'attente de ce qu'il désire, le mot "patience" prend un son affreux. Le son en est affreux, la pensée en est épouvantable, l'idée en est effrayante. Pourtant, toutes nos difficultés dans la vie, tous nos échecs, viennent d'un manque de patience. Souvent tous les acquis de la vie sont perdus par l'impatience. Quelqu'un peut avoir de la patience pendant quarante ans et ensuite perdre patience, et perdre ainsi le bénéfice de tant d'années d'efforts.

 

La personne impatiente trahira son impatience dans ce qu'elle dit. Si vous lui demandez quelque chose, elle ne vous laissera pas finir votre phrase; elle répondra avant que vous n'ayez terminé parce qu'elle pensera: "Pourquoi dire encore cette demi phrase?". Quelqu'un d'impatient mange très vite, et toutes les veines et tous les canaux du corps ne peuvent boire aussi vite que lui. S'il traverse la chambre, il trébuchera dix fois: il butera dans les chaises, dans la table, dans la porte et ne verra pas celui qu'il bous­cule. S'il a l'intention d'entreprendre quelque action, il commencera, et trois fois avant d'atteindre la porte, il dira: "Je pars... je ne pars…je pars…" parce qu'il ne laisse pas à sa décision le temps d'être exécutée.

 

Toutes nos erreurs et toutes nos fautes viennent d'un manque de patience. Ce n'est pas que l'âme souhaite quelque chose de faux mais nous ne prenons pas le temps de peser nos actes. Nous nous précipitons sur la première pen­sée qui nous vient à l'esprit sans la peser ou y réfléchir. Aujourd'hui le besoin de variété est devenu si grand qu'il nous faut sans cesse un nou­veau cadre, de nouveaux amis, de nouveaux visages et nos pensées changent à chaque instant. Si nous pouvions retenir notre pensée, nous augmenterions son pouvoir. Nous pensons: " Ce n'est qu'une pensée, elle passera ". En fait, par notre pensée, nous créons un esprit, un jinn, un génie qui agit, travaille et exécute. Plus nous entretenons une pensée avec patience, plus cette pensée devient forte.

 

La leçon de la patience s'apprend beaucoup moins de nos jours parce que l'influence de la religion a beaucoup décliné et que l'éducation vise surtout des buts commerciaux. Nous devons donc envisager la leçon de la patience comme une leçon qui nous est donnée à nous-mêmes; nous devons penser à tous les beaux résultats que la patience nous vaudra et être sûrs que si nous avons conquis la patience nous avons conquis le monde

 

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