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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LA DIFFÉRENCE ENTRE VOULOIR SOUHAITER ET DÉSIRER
Le Front Souriant
Chapitre 7
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

La volonté est le développement du souhait. Quand on dit: "C’était la volonté Divine", cela veut dire que c’était un commandement, un souhait qui s’est développé en une action. Quand le souhait devient action il devient volonté, il devient commandement. L’on pourrait penser qu’il s’agit seulement d’un souhait que l’on fait mais ce n’est un souhait que tant qu’il est immobile: il est là, il n’a pas germé, il est inactif comme une graine dans le sol; c’est cela le souhait. Mais dès l’instant où la semence sort du sol comme une plantule et s’est engagée dans le processus qui la fera devenir une plante, alors c’est une volonté. Par conséquent ces deux noms distincts: souhait et volonté sont les noms d’une seule et même chose dans son stade non-développé et dans son processus de développement.

 

Le désir est un stade plus faible ou plus primitif du souhait. Quand une idée, une pensée n’a pas encore été rendue claire dans notre mental et que notre mental n’a pas pris la décision que: "Cela doit être ainsi, j’aimerais qu’il en soit ainsi", alors c’est un désir, une fantaisie. Cela va et vient et l’on n’y attache pas d’importance. Mais quand ce désir est un peu plus développé alors c’est un souhait. Alors il reste présent, il ne se dissipe pas comme les nuages, il est tangible, il est là. Cependant il n’est pas encore réalisé car pour sa réalisation il doit se développer.

 

Il y a quelques personnes dans ce monde qui disent: "Toute ma vie j’ai eu la malchance. Et la malchance c’est que jamais dans ma vie mon souhait n’a été exaucé". Elles peuvent très facilement imaginer qu’un esprit leur était défavorable, ou que Dieu était contre elles, ou les astres, ou que quelque chose contrariait leur souhait. Mais il n’en est pas toujours ainsi. En premier lieu, Dieu souhaite la même chose que ce que nous souhaitons; si le souhait de Dieu était différent du nôtre, nous ne pourrions adorer ce Dieu qui est toujours contre nous. Ce n’est pas ainsi! En outre il n’y a aucun bénéfice à contrarier le souhait de l’homme; pour Dieu il n’y a aucun avantage à agir ainsi. Sans doute y a-t-il des raisons planétaires, des raisons provenant du travail de l’univers, des raisons du cosmos qui s’opposent à ce souhait. Comme on dit: "L’homme propose et Dieu dispose". Le mot "Dieu" est mis à la place des forces cosmiques, mais Dieu dans Sa miséricorde et dans Sa compassion n’a jamais le moindre désir de contrarier le souhait de quiconque. Même en dehors de Dieu, jamais un homme ayant quelque bonté de cœur n’aimerait contrarier le souhait de quelqu’un; il ferait tout son possible pour aider chacun à accomplir son désir, à faire que le désir de quelqu’un devienne vrai. Une personne charitable agirait ainsi.

 

Mais ce qui arrive le plus souvent c’est que l’homme prouve qu’il est le pire ennemi de son propre désir et pour de multiples raisons. L’une de ces raisons est qu’il n’est jamais sûr de ce qu’il désire. Sur cent personnes vous en trouverez une qui sait ce qu’elle désire, mais quatre-vingt-dix-neuf diront: "Est-ce que je désire ou est-ce que je ne désire pas? Je ne sais pas. Je pense que je désire, mais je ne sais pas s’il en est bien ainsi". Quatre vingt dix neuf pour cent des hommes se trouvent dans cette condition; ils ne savent réellement pas s’ils désirent ou non. Un jour ils diront: "Oui, je désire", un autre jour ils diront: "Non, je ne pense pas que je désire". Par conséquent leur désir est décomposé dans le manque de clarté de leur esprit.

 

Et puis il y en a d’autres qui analysent leur désir et qui l’analysent jusqu’à ce qu’ils l’aient mis en pièces. Il y a beaucoup de gens d’esprit analytique qui tout au long de leur vie ont détruit leurs désirs en les analysant.

 

Il y a une troisième espèce de gens: ceux qui ont adopté une attitude passive. Ils disent que c’est un péché de désirer. Cependant ils ne peuvent être sans désir, et dans leur attitude passive ils disent: "Hé bien, je ne désirerai pas". Ils ont contrecarré le désir qui était là.

 

Et il y a une quatrième sorte de personnes qui désirent quelque chose, mais qui par manque de concentration ne peuvent tourner ce désir en un souhait. Par conséquent le désir reste perpétuellement à son stade primitif.

 

Une cinquième sorte de personnes développent leur désir en un souhait; elles vont jusque là et ne vont pas plus loin. Mais le désir doit être développé en volonté. Ainsi le désir n’est pas mené à bien, pour ainsi dire, et ne va jamais jusqu’à sa culmination.

 

Cependant c’est un sujet qui a la plus grande importance dans la vie de toute personne dans le monde. Personne ne peut exister dans le monde sans souhaiter quelque chose et s’il y a un individu qui n’a aucun souhait, il n’a pas besoin de rester dans le monde. Il doit aller quelque part loin de la foule; il ne peut y exister. Il doit aller dans les montagnes et même là il faudrait qu’il se change en arbre ou en rocher pour exister parce qu’être un vivant sans un seul souhait n’est pas possible.

 

La différence entre les personnes, élevées ou basses, est en rapport avec le souhait qu’elles ont. L’une souhaite la terre, l’autre souhaite le ciel. Le désir de l’une la porte vers les hauteurs du progrès spirituel, le désir de l’autre la porte vers les profondeurs de la terre. L’homme est grand ou petit, l’homme est sage ou insensé, l’homme est sur le bon chemin ou sur le mauvais chemin selon le désir qu’il a.

 

Pour en venir maintenant à la question des forces qui sont en opposition: selon les Soufis il y a Qadha et Qadr. Qadha est la volonté universelle, le pouvoir universel; Qadr est la volonté individuelle et le pouvoir individuel. Il est certain que le pouvoir individuel, par comparaison avec le pouvoir universel est comme une goutte comparée à la mer. Elle ne peut tenir contre les vagues déferlantes de la mer qui arrivent et la détruisent. Néanmoins la goutte, étant de même origine que la mer, possède aussi une certaine quantité de force et de même la volonté individuelle a une certaine force si elle veut se maintenir contre les forces qui s’opposent à elle.

 

Si nous voulons rendre plus claires la volonté individuelle et la volonté universelle c’est dans les petites choses que nous pourrons le faire. Quand quelqu’un marche dans la rue et dit: "J’ai faim, je vais aller au restaurant prendre un repas", c’est la volonté individuelle. Une autre personne va dans la rue et voit un homme pauvre et dit: "Ah! cet homme semble dans la misère, il faut qu’il ait quelque chose à manger. Est-ce que je peux faire quelque chose pour lui? Je veux qu’il ait l’air plus heureux". Aussitôt qu’elle pense au bien d’une autre personne, sa volonté devient la volonté universelle; cela pour la raison que la barrière qui limite la volonté d’un individu est la pensée du moi. Aussitôt que l’on a oublié la pensée du moi, aussitôt que l’on pense à un autre, la barrière s’abat et la volonté devient plus forte. Les maîtres de l’humanité, ceux qui se sont montrés capables de faire de grandes choses dans le monde, d’où tiraient-ils leur volonté? C’était leur propre volonté qui s’était élargie par la disparition des barrières de la pensée du moi. Cela ne veut pas dire que l’on devrait abandonner la pensée du moi, que l’on ne devrait jamais penser à soi, ne jamais penser à son déjeuner et à son dîner. Le moi est là, et l’on doit y penser. Mais en même temps, afin de s’élargir, afin de faire que la volonté croisse, plus l’on s’oublie soi-même et plus l’on est aidé.

 

Il y a quelques-uns uns qui prennent le chemin de la résignation, ne faisant du bien ni à eux-mêmes ni à un autre. C’est une sorte d’attitude qu’ils ont prise de dire: "Cela viendra bien de quelque part. Quelqu’un le fera bien. Si j’ai faim quelqu’un viendra bien me nourrir" ou encore: "Si un autre est dans le besoin quelqu’un viendra l’aider". Leur souhait est inactif, ils ne permettent pas à leur souhait de devenir volonté, ils restent où ils sont, ils sont passifs. Sans doute une passivité et une résignation intelligentes peuvent aussi amener un résultat admirable, mais beaucoup de ces gens les pratiquent sans intelligence. La qualité des saints consiste à être résigné à tout ce qui vient, mais aussi ils ne forment même pas un seul vœu. Ils prennent tout ce qui vient, les fleurs ou les épines; tout ce qui arrive, ils l’acceptent. Ils regardent dans les épines et ils voient que ce sont des fleurs. Par la louange et par le blâme ils sont satisfaits. Ils sont satisfaits par l’élévation et par la chute; ils prennent tout ce qui vient, ils prennent la vie comme elle est. Telle est la manière intelligente de pratiquer cela. La manière inintelligente consiste à dire, devant tout ce qui est difficile: "Quelqu’un d’autre viendra le faire". C’est une forme de paresse. Ces gens imaginent que c’est de la passivité, mais c’est de la paresse de penser, si l’on a à faire quelque chose: "Quelqu’un viendra et le fera".

 

Dans l’Inde on raconte qu’un homme était couché sous un cerisier; quelques cerises mûres tombaient près de lui, mais lui restait seulement couché là. Un homme arriva à une certaine distance et il lui cria: "Venez donc ici. Pourriez-vous me pousser cette cerise dans la bouche?" L’on en trouve beaucoup de cette espèce qui, mus par un sentiment d’impuissance, de paresse, de laisser-aller n’ont aucun enthousiasme, aucun courage. De cette façon leur volonté tombe en pièces et à la fin ils se trouvent impuissants. Il n’y a pas de comparaison entre l’esprit de sainteté et l’esprit d’impuissance. Bien que tous deux arrivent à la résignation, le dernier n’est vraiment pas résigné: il voudrait avoir la cerise dans la bouche mais quelqu’un d’autre doit la lui donner. Le saint ne se soucie pas s’il la mange ou s’il ne la mange pas; c’est égal pour lui. Dans ce cas c’est admissible.

 

Et puis il y en a d’autres qui sont hyper-anxieux de voir leur souhait se réaliser; cela détruit leur souhait parce que la force, la pression qu’ils mettent sur leur souhait sont trop grandes. C’est comme de protéger une plante contre le soleil et contre l’eau; si l’on protège la plante contre les choses mêmes qui pourraient lui servir à grandir, alors elle ne peut pas grandir. Il en est de même du souhait; si quelqu’un dit: "Ceci est mon souhait et il doit se réaliser mais personne ne doit y penser, personne ne doit le regarder", il a toujours peur que peut-être son souhait ne se réalise pas. Il est impatient, il pense avec doute, crainte et suspicion et par conséquent il détruit son propre souhait.

 

Mais il y a aussi une personne qui est prête à sacrifier n’importe quoi ou à persévérer autant qu’il le faudra, même pour un souhait de peu d’importance auquel elle ne donne pas d’importance quand elle examine celle-ci. Pourtant elle lui donne chacune de ses pensées et elle fait tout ce qu’elle peut pour réaliser ce souhait. Cette personne prend le même chemin que les maîtres. Elle devra avoir du succès et c’est le succès qui amène le succès. Une fois qu’une personne a échoué, alors cet échec attire l’échec; pour la même raison que si quelqu’un prend le chemin de la réalisation, chaque réalisation lui apporte un plus grand pouvoir pour aller de l’avant et s’il prend le chemin descendant, alors chaque pas le conduit plus bas.

 

Maintenant s’élève la question de savoir quel désir et quel souhait l’on doit abandonner et lesquels on doit cultiver. L’on doit avoir du discernement. Si en cela il n’y a pas de discrimination l’on prendra la mauvaise direction; cela peut conduire au succès, mais ce sera un succès dans une mauvaise direction. Si l’on cultive n’importe quel désir et n’importe quel souhait, pensant: "Cela doit s’accomplir", alors quelque fois cela peut être bon et quelque fois mauvais. Le discernement doit d’abord être développé afin de comprendre ce qui vous conduit au bonheur, à un bonheur durable, à une plus grande paix, à une plus haute réalisation. Mais une fois qu’une personne a acquis le discernement et a choisi un souhait, elle ne devrait pas trop l’analyser. Beaucoup de gens ont pris l’habitude d’analyser chaque chose chaque jour. Si quelqu’un maintient un souhait pendant dix ans et l’analyse mentalement chaque jour, il agit contre lui. Chaque jour il le regarde d’un point de vue nouveau, il essaye de trouver les points faibles de son propre souhait et ainsi il ne fait qu’essayer de l’écraser de toutes les manières possibles. En dix ans son souhait se serait réalisé, et au lieu de cela il a été réduit à rien. Il y a beaucoup d’intellectuels, beaucoup de gens qui doutent, beaucoup de personnes qui analysent, qui sont les plus grands ennemis de leur souhait.

 

Et maintenant quant à la question de savoir s’il est mauvais pour quelqu’un d’exprimer son souhait dans la prière. Car beaucoup de gens disent: "Dieu sait tout, alors pourquoi irions-nous raconter à Dieu que telle ou telle chose doit être faite? Dieu connaît le secret de chaque cœur. En outre n’est-ce pas égoïste de présenter notre souhait à Dieu? Si c’est un bon souhait, il doit se réaliser de lui-même". L’on répondra que la prière est un rappel pour Dieu, la prière est un chant que l’on chante devant Dieu Qui s’en réjouit, Qui l’entend, à Qui cela rappelle telle chose. Mais l’on pensera: "Comment notre prière, notre petite voix, atteint-elle Dieu? Elle atteint Dieu à travers nos oreilles. Dieu est au-dedans de nous. Si notre âme peut entendre notre voix, Dieu peut aussi l’entendre. La prière est le meilleur moyen parce que le souhait est exprimé avec beauté, ce qui nous harmonise avec Dieu, ce qui amène une plus grande relation entre l’homme et Dieu.

 

Et puis l’on pourrait demander s’il est bon de penser à son propre souhait. L’on ne peut penser assez souvent à son propre souhait. Rêvez-y, pensez-y, et imaginez-le, gardez-le en esprit, retenez-le en mémoire et faites tout ce qui est possible pour son accomplissement, mais avec équilibre, avec tranquillité, avec patience, avec confiance, de façon détendue et non pas en y pensant de façon crispée. Celui qui pense avec crispation à son souhait le détruit car c’est tout à fait comme de donner trop de chaleur ou trop d’eau à une plante: cela même qui devrait l’aider la détruit. Si quelqu’un se soucie trop de son souhait c’est certainement parce qu’il n’a pas de patience ou bien parce qu’il a quelque crainte ou quelque doute; tout cela détruit le souhait. Le souhait doit être maintenu avec aisance, avec agrément, avec espoir, avec confiance et avec patience. Le doute est comme la rouille, il le ronge; la peur est encore pire, elle le détruit.

 

Quand quelqu’un n’a aucun discernement et n’est pas sûr s’il s’agit d’un bon ou d’un mauvais souhait, si ce souhait devrait ou non se réaliser, un jour il dit: "Je voudrais tant qu’il se réalise", un autre jour: "Cela m’est égal s’il se réalise ou non" et après un mois: "Oh! cela m’est bien égal maintenant". C’est comme d’allumer un feu, de l’éteindre, puis de l’allumer encore, et encore de l’éteindre. Chaque fois qu’il l’éteint, il a disparu et il faut qu’il le rallume. De sorte que si quelqu’un a formé un souhait et l’a conservé pendant dix ans, chaque fois qu’il est détruit, il doit le reconstruire.

 

Et maintenant quant à savoir quel souhait est le plus désirable, cela dépend du stade d’évolution où l’on se trouve. Une personne qui est seulement évoluée au point où elle ne peut formuler de souhait plus grand que ceux qui concernent les besoins de la vie journalière, qu’elle le fasse. Elle ne doit pas penser: "Parce que ce sont seulement les besoins de la vie journalière, ce n’est rien; je dois souhaiter quelque chose de plus élevé". Elle ne doit pas penser cela. Si son cœur est attiré vers les besoins de la vie journalière, elle doit y penser d’abord. Mais si son cœur pense: "Non, je ne dois pas souhaiter cela, je peux penser à quelque chose de beaucoup plus haut", alors elle doit en supporter les conséquences. Les conséquences seront qu’elle aura à traverser épreuves et difficultés et si cela lui est égal tout est pour le mieux.

 

Il y a beaucoup de choses en ce monde que nous voulons et qui nous sont nécessaires et pourtant nous n’y pensons pas nécessairement. Si elles nous viennent, tout va bien et si elles ne nous viennent pas, nous nous sentons mal à l’aise pour un temps mais ce sentiment passe. Nous ne pouvons pas y fixer notre esprit et nos pensées si nous sommes évolués parce qu’alors nous pensons à quelque chose d’autre, à quelque chose de plus élevé; nos pensées sont occupées à quelque chose de beaucoup plus élevé et plus grand que ce dont nous avons besoin dans la vie courante. Nous ne faisons pas attention à ce dont nous avons besoin et cela échappe à notre étreinte. C’est la raison pour laquelle de grands poètes, penseurs et sages furent souvent dans le dénuement concernant les choses que l’on peut avoir dans la vie quotidienne. Grâce à tout leur pouvoir ils auraient pu commander à l’or de venir dans leur maison et l’or serait venu; ils n’auraient eu qu’à commander. S’ils avaient commandé qu’une armée vienne en leur pouvoir, elle serait venue, ils n’auraient eu qu’à commander. Pourtant ils ne pouvaient y appliquer leur esprit, ils pouvaient seulement souhaiter ce qui correspondait à leur évolution particulière.

 

Ainsi chaque personne ne peut souhaiter que ce qui correspond à son évolution, elle ne peut souhaiter comme il convient ce qui est au-dessous de son évolution, même si on lui disait de le faire. Bien souvent, afin d’aider quelqu’un qui était dans une certaine situation je lui ai dit: "Maintenant pensez à cet objet particulier" mais, étant beaucoup plus évolué que ce qu’il pensait d’après son cerveau, son cœur était quelque part ailleurs et ainsi cet objet ne se réalisait jamais. On peut donner son cœur et son intellect et tout son être à quelque chose qui est au niveau de sa propre évolution. Si cela n’est pas au même niveau, l’on ne peut y donner tout son être. Peut-être une personne y donne-t-elle sa pensée, mais qu’est-ce que la pensée? La pensée dépourvue de sentiment n’a aucun pouvoir. Si l’âme et tout l’esprit ne sont pas derrière elle, il n’y a aucun pouvoir.

 

Ainsi, cela doit être compris: notre souhait doit être différent de ce dont nous avons besoin dans notre vie de tous les jours. Ne les mélangez pas! Pensez toujours que ce dont nous avons besoin dans notre vie quotidienne est une chose, une chose pratique (à moins qu’il ne se trouve que ce soit notre souhait, alors ce serait juste). Mais pour nous, nous avons à nourrir, à maintenir notre souhait comme une chose sacrée, une chose qui nous est donnée par Dieu à nourrir, à mener jusqu’à sa réalisation, car c’est dans la réalisation de notre souhait le plus élevé et le meilleur et le plus profond que réside le but de la vie.

 

 

Question: Y a-t-il un moyen pour déterminer d’avance si un souhait sera bon pour nous?

Réponse: C’est la chose la plus difficile à dire. On peut seulement y arriver en s’entraînant soi-même et cet entraînement consiste à avoir toujours une bonne pensée pour chacun, une pensée de bienveillance pour chacun, à développer en soi-même la conscience de la justice, à avoir de la sympathie, de la bonne volonté pour chaque personne au monde. Si l’on garde cela comme principe dans la vie de tous les jours alors chaque souhait qui viendra produira de bons résultats.

 

Question: Pouvons-nous sentir d’avance qu’un souhait s’accomplira?

Réponse: Si l’on peut sentir d’avance l’accomplissement d’un souhait cela signifie que le souhait est sûr, que le souhait va sûrement se réaliser. Si avec le souhait vous avez le sentiment que ce souhait se réalisera alors il doit se réaliser. Il n’y a aucun doute à ce sujet, il n’y a rien qui s’y oppose. Par conséquent ce souhait que vous avez est en même temps une promesse.

 

Question: Quand Bouddha disait que nous devrions être sans désir, voulait-il dire que nous devrions avoir l’attitude du saint?

Réponse: Le Bouddha n’a jamais dit que vous ne devriez avoir aucun désir. Le Bouddha a parlé de "l’homme sans désir". Cela n’a jamais été le principe du Bouddha que vous ne devez pas avoir un seul désir; Bouddha était trop sage pour s’engager de cette façon. Ce que cela signifie est que nous devons nous développer de telle façon qu’un jour nous puissions atteindre le stade où nous pourrons naturellement n’avoir aucun désir. Mais si nous avons un désir et que nous disions: "Parce que Bouddha a dit que nous ne devons avoir aucun désir, alors nous devons rejeter le désir très loin", ce serait travailler contre nous-mêmes. Ce serait tout à fait comme un homme qui, ayant entendu dire qu’un saint, après avoir vécu sans nourriture pendant très, très longtemps en avait reçu le bénéfice d’une grande élévation, disait: "Hé bien, je vais supprimer mon déjeuner chaque jour puisque par là je peux devenir spirituel". Il pourra tout aussi bien déjeuner s’il a faim. Celui qui allait ainsi sans manger n’avait pas faim, il s’était élevé au-dessus d’elle. Nous devons avoir des principes en rapport avec notre degré d’évolution et ne jamais nous approprier des principes plus élevés que ceux qui appartiennent à notre état d’évolution, nous forçant ainsi à nous y conformer.

 

Question: Y a-t-il de l’importance à avoir plusieurs souhaits en même temps?

Réponse: Supposez que quelqu’un se mette du salé, et du sucré, et du succulent, et du poivré tout ensemble dans la bouche; quel en serait le goût? Cela ne ressemblerait plus à rien. De la même façon chaque souhait détruit l’autre. Vous pouvez avoir cinq excellents souhaits à la fois, mais l’un détruira l’autre et par conséquent il n’y en aura aucun dont vous pourrez bénéficier. D’ailleurs, c’est à un seul souhait seulement que vous pouvez donner votre plus grand pouvoir.

 

Question: L’autre jour vous avez dit: "Celui qui tourne le dos au monde, le monde entier courra après lui". Comment doit-on comprendre cela?

Réponse: On peut comprendre cela en considérant deux personnes en train de marchander. Par exemple un camelot sur le port d’Alexandrie vient avec un objet et vous dites: "Comme c’est beau! J’aime beaucoup ça. Combien en voulez-vous?". Aussitôt que vous aurez dit cela il voudra vous en tirer le prix maximum dont il a envie. Mais aussitôt que vous tournez le dos et que vous dites: "Cela ne m’intéresse pas", il court après vous et dit: "Le prendrez-vous pour deux fois moins?". Si vous persistez à tourner le dos il vous le donnera pour le quart du prix. Exactement ainsi est la nature du monde; c’est un monde avide. Vous le suivez, il se sauve de vous. Vous lui tournez le dos, il court après vous.

 

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Le Front Souriant       La Volonté

 

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