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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


L'âme, son origine et son déploiement
Le Front Souriant
Chapitre 47
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Quand nous considérons la vie et le processus de son développement soit du point de vue mystique soit du point de vue scientifique, nous constatons que c'est une seule vie se développant à travers différentes phases. En d'autres termes, il y a une substance vitale - appelez-la énergie, intelligence, force ou lumière, appelez-la Dieu ou Esprit - qui se fraie son chemin depuis l'aspect le plus dense de la nature vers l'aspect le plus subtil de la nature. Par exemple, si nous étudions le règne minéral, nous trouvons en lui une vie qui se fraie son chemin. Quand nous considérons les choses scientifiquement, nous trouvons que du règne minéral viennent des substances comme l'or et l'argent et les pierres précieuses, ce qui veut dire qu'il y a un processus par lequel le minéral devient plus fin, plus fin et encore plus fin, jusqu'à ce qu'il commence à montrer que l'esprit est rayonnement, intelligence, beauté, et même qu'il se manifeste à travers les pierres précieuses.

 

Ceci est un point de vue scientifique. Quand nous en venons à un point de vue mystique, nous voyons que si nous allons parmi les rochers, si nous nous tenons dans les montagnes, si nous allons dans la solitude, là où il n'y a personne d'autre, où nous sommes seuls, nous commençons à ressentir une élévation, nous commençons à éprouver un sentiment de paix, une sorte d'unité avec les rochers, les collines et les montagnes. D'où cela vient-il? Cela vient de ce que cet esprit qui est en nous est le même dans les montagnes et les rochers. Cet esprit est enterré dans les rochers et est moins enterré en nous-mêmes. Mais c'est le même esprit, et c'est pourquoi nous sommes attirés par les montagnes. Les montagnes ne sont pas aussi vivantes que nous le sommes, par conséquent, nous sommes plus attirés par elles qu'elles ne le sont par nous. D'ailleurs, que pouvons-nous donner aux montagnes? Notre manque de paix, notre discorde, notre dysharmonie, nos limitations. Que peuvent nous apporter les montagnes? L'harmonie, la paix, le calme, la quiétude, un sentiment de patience, d'endurance. Que nous inspirent-elles? L'idée qu'elles ont attendu peut-être des milliers d'années pour un développement qui vient par le développement de la nature du roc vers la plante, de la plante vers l'animal, de l'animal vers l'homme.

 

Dans la totalité de ce développement graduel de l'esprit qui est enterré sous tous les différents aspects de la nature - et à chacun de ses pas: du roc à la plante, de la plante à l'animal et de l'animal à l'homme -, cet esprit est capable de s'exprimer plus librement. De cette manière, l'esprit se trouve lui-même à la fin. Qu'est-ce que cela montre? Cela montre qu'il y a un dessein qui est à l'oeuvre à travers la création entière. Les rochers sont en train d'élaborer la même destinée que l'homme, les plantes croissent vers le même but que l'homme. Quel est ce but? Le déploiement. L'esprit est enterré sous la création et veut se frayer son chemin. A chaque pas dans l'évolution, il y a un nouveau déploiement, une plus grande ouverture.

 

De l'animal, dit Darwin, l'homme est venu. A l'époque, il pouvait sembler que c'était une nouvelle découverte scientifique, mais il n'en est pas ainsi. Il y a des preuves de cela dans les livres des poètes persans. Un poète qui vivait sept cents ans avant Darwin dit - dans son langage poétique, sous une forme religieuse - que Dieu dormit dans le minéral, rêva dans la plante, s'éveilla dans l'animal, et devint conscient de Lui-même dans l'homme. Sans doute ce poète n'a-t-il pas dit en détail d'où l'homme est venu, mais il a donné son point de vue bien des années auparavant. Et il y a douze cents ans, le Prophète Mohammed en, donnant le Coran, a exprimé la même chose: que d'abord il y eut le roc, de là vint la plante, ensuite les animaux et de ceux-ci l'homme fut créé.

 

Maintenant la différence entre le point de vue scientifique ou biologique et le point de vue mystique ou prophétique est celui-ci: un savant matérialiste dira: "Voici un rocher. Par un processus de développement, une sorte de vie y est venue. Ensuite, les vibrations ont augmenté. Des animaux vint l'homme; l'homme est un animal développé. Ainsi, de la parfaite densité, l'intelligence s'est développée." La conception mystique est différente. Un mystique ne fait pas remonter l'origine de la vie au rocher; il la fait remonter à l'esprit. L'on pourrait demander: qu'est-ce que l'esprit? L'esprit est intelligence. L'on peut penser: nous ne voyons pas l'intelligence dans un rocher, dans les animaux; la réponse est que nous devons d'abord distinguer entre l'esprit et la matière, comprendre quelle différence il y a entre les deux. L'esprit est une matière plus subtile, la matière est de l'esprit densifié. En d'autres termes, l'eau est la neige et la neige est l'eau. Quand l'eau n'est pas gelée, c'est de l'eau et quand elle est gelée, c'est de la neige; quand elle est réchauffée, elle devient eau. Il en est de même de l'esprit et de la matière. Il y en a beaucoup dans ce monde qui sont enclins à dire: "La matière n'existe pas." C'est facile de le dire, mais difficile à prouver. En outre, n'est-ce pas là seulement une conception? D'autres disent: "L'esprit n'existe pas." Ce qu'il faut, c'est comprendre la relation entre les deux et la différence entre les deux.

 

Quand je voyageais vers l'Amérique, il y avait un jeune italien avec moi sur le bateau. En me regardant, il pensa que j'étais un prêtre, et étant lui-même athée, il commença à me demander: "Que croyez-vous?" Je répondis: "Personne ne peut exprimer sa croyance, cela ne peut être mis en paroles. Mais puis-je vous demander quelle est la vôtre? Peut-être pourrez-vous mieux l'expliquer?" - "Hé bien - dit-il - je crois à la matière éternelle." "Alors ma croyance n'est pas éloignée de la vôtre. Ce que vous appelez matière éternelle, je l'appelle éternel esprit. La discussion se fait sur des mots; si vous ne vous attachez pas à des termes préconçus, il n'y a pas de différence."

 

Il y en a beaucoup en ce monde qui argumentent sur des mots. Si l'on atteint le sens, il n'y a plus de discussion. Si quelqu'un voit l'aspect éternel dans la matière qui change sans cesse, laissez-le l'appeler éternelle. Cela ne fait rien, c'est l'éternel aspect de la vie que nous cherchons.

 

 

Venons-en maintenant à la conception que se fait le mystique de l'âme. Le mystique voit un développement de la vie matérielle du roc à la plante, de la plante à l'animal et de l'animal au corps physique humain. Ceci est une chose, c'est une partie de la conception mystique. Puis, il y a quelque chose d'autre: l'Esprit Divin, le Lumière, l'Intelligence, la Toute-Conscience. La première partie fait la terre, la seconde fait le Ciel; c'est ce Soleil, l'Esprit Divin brillant et projetant Ses rayons - et chaque rayon devient une âme. Il n'est donc pas vrai de dire que l'homme est sorti d'un singe. L'on dégrade le spécimen le plus élevé de la nature que Dieu ait créé en l'appelant un singe amélioré. C'est une conception matérialiste, limitée. L'âme vient directement de l'Esprit Divin, elle est intelligence elle-même, elle est conscience. Mais elle n'est pas la conscience que nous connaissons, car nous ne faisons jamais l'expérience de la pure existence de notre conscience. Ce que nous connaissons de notre conscience est ce dont nous sommes conscients; ainsi nous connaissons seulement le nom conscience et nous ne savons pas ce que c'est en réalité.

 

Il n'y a pas de différence entre la pure intelligence et la conscience. Nous appelons la pure intelligence conscience quand cette intelligence est consciente de quelque chose. Mais ce dont nous sommes conscients est quelque chose qui se trouve devant nous. Nous ne sommes pas cela: nous sommes l'être qui est conscient, non pas ce dont nous sommes conscients. L'erreur est que nous nous identifions avec ce que nous voyons, parce que nous ne nous voyons pas nous-mêmes. Par conséquent, parce qu'il ne se connaît pas lui-même, l'homme appelle naturellement son corps lui-même; comme il ne peut se trouver, ce avec quoi il s'identifie est son corps. En réalité, l'homme n'est pas son corps, l'homme est son âme. Le corps est quelque chose que l'homme possède; c'est son outil, son instrument grâce auquel il fait l'expérience de la vie, mais le corps n'est pas lui-même. Puisqu'il s'identifie avec son corps, il dit naturellement: "je vis", "je meurs", "je suis heureux", "je suis malheureux", "je suis tombé", "je me suis relevé." Chaque condition de son corps limité et changeant lui fait penser: "je suis cela." De cette façon, il perd conscience de l'aspect de son propre être qui ne change jamais.

 

L'âme est le rayon qui, afin de faire l'expérience de la vie, a besoin d'un instrument: les véhicules du corps et du mental. L'âme avec ses deux véhicules, le corps et le mental, peut être appelée un esprit, cet autre mot que nos employons pour l'âme. A travers le corps, elle fait l'expérience des conditions extérieures, à travers le mental, elle fait l'expérience des conditions intérieures de la vie. Ainsi l'âme fait l'expérience de deux sphères, la sphère physique et la sphère mentale: la sphère mentale à travers le mental, et la sphère physique à travers le corps et ses cinq sens.

 

Quand nous en venons à l'évolution du monde selon le point de vue du mystique, nous voyons que ce n'est pas l'homme qui est venu de la plante, de l'animal et du roc. Mais que l'homme a pris son corps, son instrument physique, du roc, de l'animal, de la plante. Lui-même est venu directement de l'esprit et est joint directement à l'esprit. Il est, et sera toujours, au-dessus de cet instrument qu'il a emprunté à la terre. En d'autres termes, l'homme n'est pas le produit de la terre, mais l'homme est l'habitant des cieux. C'est son corps qu'il a emprunté à la terre. Parce qu'il a oublié son origine, l'origine de son âme, il a cru que la terre était son origine, mais c'est seulement l'origine de son corps et non pas celle de son âme.

 

Maintenant nous en venons à la loi de gravitation, dont beaucoup disent que c'est une théorie qui n'était pas connue des anciens. Je dis que la théorie de la gravitation a été expliquée plusieurs milliers d'années plus tôt, même par Bouddha, et, dans le Coran nous trouvons une Sourate disant que l'âme est venue de Dieu et doit retourner à Lui. Ce que la science dit aujourd'hui est que le corps d'argile qui est venu de la terre est attiré vers la terre à cause de la loi de gravitation: la terre attire la terre. Mais les prophètes et les mystiques et les saints et les sages ont toujours su et enseigné que l'âme est attirée vers l'Esprit. En d'autres termes, par la loi de gravitation, le corps est attiré par la terre et l'âme par l'Esprit.

 

Si c'était une vertu d'être spirituel, si c'était seulement une vertu, je serais la première personne à le refuser. Mais c'est la plus grande nécessité pour l'âme; nous n'y pouvons rien. Les gens pensent très souvent: "Est-il nécessaire d'être spirituel? Que gagnons-nous par là?" Nous n'avons pas besoin de gagner quoi que ce soit par là, c'est une attraction naturelle, nous ne pouvons l'empêcher! Ceux qui en sont conscients commencent à le chercher. Ceux qui n'en sont pas conscients sont inconsciemment attirés vers quelque chose qu'ils ne connaissent pas.

 

Pendant mes voyages de tant d'années à travers l'Orient et l'Occident, j'ai rencontré des gens d'une grande intelligence, nullement religieux peut-être, sans intérêt pour les sujets spirituels, et pourtant, après m'être familiarisé avec eux, qu'ai-je constaté? Qu'il y avait une secrète recherche. Extérieurement, il est démodé de penser à la spiritualité, mais intérieurement il y avait toujours une recherche pour elle. Dans les écoles, le nom de Dieu et toute mention de religion ont été effacés des livres de classe. Néanmoins, il vient des scientifiques qui, après toutes les recherches de la science, commencent à penser à ces choses. Eux-mêmes voudraient l'éviter, mais ils n'y peuvent rien. Quand des gens demandent: "Avez-vous trouvé un accueil favorable pendant vos voyages dans le monde Occidental?", je dis: "Que ce soit l'Orient ou l'Occident, le Nord ou le Sud, il y a une réponse venant de tout homme. Peut-être qu'il ne le sait pas, mais chaque homme au monde est mon client."

 

Chaque homme est intéressé aussitôt qu'on lui parle de la vie et de son aspect plus profond. Certainement, certains sont endormis, certains à moitié réveillés, et certains sur le point de s'éveiller tout à fait. Ce sont ceux qui sont sur le point de s'éveiller qui doivent être aidés. Ceux qui sont à moitié réveillés, laissez-les s'éveiller; ils verront. Ceux qui dorment, après que leur sommeil sera terminé, s'éveilleront et chercheront. Il est cruel de réveiller quelqu'un. S'il ne se soucie pas de nourriture, laissez-le dormir; quand il se réveillera, il aura faim, il demandera à manger. Ce sera le moment de lui donner.

 

 

Nous en venons maintenant à la question du développement naturel de l'âme vers la réalisation spirituelle. A part la spiritualité, à chaque stade de notre vie - la petite enfance, la période de la petite enfance jusqu'à l'enfance, de l'enfance jusqu'à la jeunesse, de la jeunesse à l'âge mûr - à chaque pas en avant, il y a une conscience nouvelle. L'enfance est une conscience tout à fait nouvelle comparée à celle de la petite enfance. Si cela est vrai, alors chaque âme, quel que soit le stade de sa vie, est passée par bien des développements différents qui lui ont donné une nouvelle conscience à chaque fois, qu'elle le sache, qu'elle y pense, ou non.

 

Il y a des expériences telles que l'échec dans les affaires, ou l'infortune, ou la maladie, ou un certain choc dans sa vie, une affaire de coeur ou d'argent ou une affaire sociale, quoi que cela puisse être, qui tombent sur quelqu'un, et une coque se brise, et une nouvelle conscience se produit. Très peu le prendront comme un développement, très peu l'interpréteront comme tel, mais c'est ainsi. N'avez-vous pas vu, parmi vos connaissances, comment une personne de nature désagréable, un homme sans aucun intérêt vers qui vous n'avez jamais été attiré, qui, peut-être après un choc, un profond chagrin, après une épreuve quelconque, s'est éveillé à une nouvelle conscience et soudain vous a attiré, parce qu'il est passé par ce processus? Comme nous nous développons à chaque pas dans notre vie, ainsi faisons-nous à chaque expérience. Plus profondément nous touche l'expérience, plus grand est le développement. De cette façon, nous nous développons graduellement vers ce qui est appelé la perfection.

 

Le développement spirituel est le but ultime de chaque personne. Il vient à un moment où un homme commence à être plus réfléchi, où il commence à se rappeler ou à éprouver cette nostalgie de l'âme. Alors consciemment ou inconsciemment, il lui vient ce sentiment: "N'est-ce que cela que je dois faire dans ma vie: gagner de l'argent? Que j'aie un rang ou une situation élevée, tout cela n'est qu'une pièce de théâtre. Je suis fatigué de cette pièce. Je devrais penser à quelque chose d'autre. Il y a quelque chose d'autre qu'il faut que je réalise." Ceci est le commencement; c'est le premier pas sur le chemin spirituel. Aussitôt qu'un être a fait son premier pas, son point de vue a changé, la valeur des choses devient différente et ce à quoi il avait attaché une grande importance devient moins important; les choses dont il se souciait tant, il ne s'en soucie plus. Il lui vient une sorte d'indifférence. Néanmoins, un être réfléchi se tient à son devoir de la même façon; il est même plus consciencieux et cela amène une plus grande harmonie, parce qu'il commence à avoir pitié des autres.

 

Quand il s'avance d'un pas de plus, la perplexité survient. Il commence à se demander: "Qu'est tout cela? Beaucoup de bruit pour rien!" Cela me donna beaucoup à penser quand, un jour, je vis dans l'Inde un sage dont je savais qu'il était très profond, que c'était un homme de réalisation élevée, et qui était en train de rire sans cause. Je me demandai de quoi il riait. Alors je restai là et regardai moi-même alentour, pensant: "Je dois voir de son point de vue ce qui le fait tant rire"; et je vis des gens qui se bousculaient en tous sens. Et pourquoi? N'était-ce pas risible? Chaque personne pensant que son point de vue particulier était le plus important, écartant les autres parce qu'elle trouvait que son action était la plus importante! N'est-ce pas l'image de la vie? C'est la manière de ceux qui sont évolués et de ceux qui ne le sont pas. Et qu'atteignent-ils? Le néant! Les mains vides, ils quittent ce monde; ils viennent sans rien et ils s'en vont sans rien. C'est cette vision qui apporte à l'âme la perplexité. Elle ne se sent pas fière de rire des autres, mais c'est sans aucun doute amusant. Autant elle s'amuse des autres, autant elle s'amuse d'elle-même.

 

Quand une personne fait un pas de plus, une compréhension lui vient qui change sa vision des choses et ses manières. Ce qui arrive généralement, c'est ceci: du matin au soir, l'on réagit contre toute bonne et mauvaise chose. Mais le bien, on le voit fort rarement, et le mal, on le voit toujours, ou bien l'on rencontre quelqu'un qui est nerveux et excité, ou dominateur et égoïste, et ainsi il vient un effet sans cesse perturbant de chaque personne que l'on rencontre. Alors, sans le savoir, la réaction continuelle que l'on a est une réaction de mépris, d'aversion; la pensée de s'éloigner est continuellement devant soi. Si l'on pouvait dire: "Je n'aime pas", "je déteste", on pourrait le dire du matin au soir de chacun de ceux que l'on rencontre, car il y a rarement une seule personne au sujet de laquelle on ne dirait pas de telles paroles. Et cette réaction, on l'exprime en paroles ou en pensée, par le sentiment ou l'action.

 

Quand on atteint ce troisième stade, le stade de la compréhension, l'on commence à comprendre au lieu de réagir. Il n'y a pas alors de réaction: la compréhension vient et la supprime. C'est tout à fait comme un bateau qui est à l'ancre; cela produit la tranquillité, l'immobilité, la force dans la personnalité. Elle ne bouge pas avec chaque souffle de vent, mais demeure comme un lourd vaisseau sur l'eau, tandis qu'un bateau léger bouge avec chaque vague qui arrive. Cette stabilité, une personne l'atteint dans ce troisième stade de développement; elle est prête à tolérer, à comprendre à la fois le sage et le méchant - tous.

 

N'est-il pas amusant de penser que la personne sotte est davantage en désaccord avec les autres que la personne qui est sage? On croirait qu'elle en sait plus que celle qui est sage! Le sage s'accorde à la fois avec le sot et avec le sage; il est prêt à comprendre le point de vue de chacun. Cela peut ne pas être son idée, sa manière de voir les choses, mais il est capable de les regarder du point de vue des autres. Ce n'est pas avec un seul oeil que l'on voit pleinement; pour rendre la vision complète, il faut les deux yeux, et ainsi celui qui est sage peut voir de deux points de vue. Si nous ne tenons pas à l'écart nos propres pensées et idées préconçues, si nous ne pouvons être passifs et désireux de voir du point de vue d'un autre, nous commettons une grande erreur. Ce troisième stade donne une tendance à comprendre chaque personne que nous rencontrons.

 

Et puis il y a encore un quatrième stade de développement. Dans ce stade, non seulement nous comprenons, mais nous sympathisons, car nous pouvons voir que la vie dans le monde n'est rien que limitation. Que quelqu'un soit riche, d'une situation élevée, ou dans une situation misérable – quelle que soit la situation dans laquelle il se trouve, ou quel que soit ce qu'il est- il doit éprouver cette limitation, et cela est en soi-même une grande misère. Chacun, par conséquent, a son problème devant lui, et quand nous commençons à voir que chaque personne sur cette terre a un certain problème et un certain fardeau à porter à travers la vie, nous ne pouvons nous empêcher d'éprouver de la sympathie.

 

Celui qui peut s'éveiller à la douleur de l'humanité, qu'il s'agisse de son ami ou de son ennemi, ne peut s'empêcher de sympathiser avec lui. Alors il développe une tendance à aller vers les autres; il a toujours le sentiment qu'il devrait aller vers chaque personne qu'il rencontre et alors, naturellement, grâce à sa sympathie, il cherche les côtés favorables, car, quand on regarde quelqu'un sans sympathie, l'on touche toujours son pire côté.

 

Quand on fait un pas de plus, alors une voie s'ouvre pour communiquer. Tout juste comme il y a une communication entre des personnes qui s'aiment mutuellement beaucoup, ainsi la sympathie d'une personne dont l'âme s'est épanouie est si éveillée que non seulement chaque personne, mais chaque objet commence à révéler sa nature, son caractère et son secret. Pour elle, chaque homme est une lettre écrite.

 

Nous entendons des histoires de saints et de sages qui parlaient avec les rochers et les plantes et les arbres. Ce ne sont pas seulement des histoires; c'est la réalité. Il est dit aussi des Apôtres qu'au moment où l'Esprit descendit sur eux, ils commencèrent à parler beaucoup de langues. Quand ils comprirent tant de langues, ils comprirent le langage de chaque âme. Cela signifie que l'âme illuminée comprend le langage de chaque âme. Et chaque âme a son propre langage. C'est cela qui est appelé révélation.

 

Tous les enseignements que les grands prophètes et maîtres ont donnés sont seulement les interprétations de ce qu'ils ont vu. Ils ont interprété dans leur propre langue ce qu'ils ont lu dans le manuscrit de la nature; ce que les arbres et les plantes et les rochers leur ont dit. La nature n'a-t-elle parlé qu'à ceux du passé? Non; l'âme de l'homme est toujours capable de cette bénédiction si seulement il la comprend. Une fois que les yeux du coeur sont ouverts, l'homme commence à lire chaque feuille de l'arbre comme une page du Livre sacré.

 

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Le Front Souriant       Les instruments de l'âme

 

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