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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


L'HÉRITAGE TERRESTRE DONNE
A CHACUN UNE CERTAINE NATURE

Le Grand Cycle de l'Âme
L'âme manifestée
L'arrivée de l'âme sur le plan physique
Chapitre 8
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


 

Chacun montre, venant de son héritage terrestre, une certaine nature qui permet de diviser les hommes en quatre classes.

 

La première est celle de l'idéaliste qui vit dans le monde pour son idéal, avec son idéal. C'est un homme de principes, intelligent, modeste, modéré en toutes choses, patient, un homme de bonnes manières, rêveur de nature, ou profond penseur, un homme empreint de dignité, qui garde sa réputation comme on prendrait soin d'un verre délicat. Son contact avec la terre est semblable à celui d'un oiseau qui bâtit son nid sur un arbre, en l'air, descend sur la terre pour piquer un grain quand il a faim, et puis s'envole, effrayé même du frémissement des feuilles. Il vit sur terre, parce qu'il est né sur terre, mais en réalité il vit dans ses pensées. La terre et tout ce qui appartient à la terre est ce dont il a besoin, non pas ce qu'il désire.

 

La seconde classe est celle de l'artiste, artiste non par profession mais par nature, par tempérament. Un tel homme montre des préférences marquées dans les objets de son amour, il est éclectique dans ses préférences et ses aversions, subtil, habile, plein d'esprit, observateur des conventions et cependant libre à leur égard. C'est quelqu'un qui remarque toutes choses et cependant ne se livre pas pleinement, évasif par nature, cependant tendre et affectueux, raffiné et simple, sociable et cependant détaché. Il montre une ressemblance avec le daim dans les bois, qui est à un instant dans une partie de la forêt et que vous trouverez à un autre moment très loin de là. On peut penser, en venant en contact avec lui, qu'on l'a bien saisi, mais à l'instant suivant on le trouvera très loin hors d'atteinte. C'est le type d'homme dont on pourrait dire: «Je ne peux pas le comprendre».

 

Le troisième est l'homme matériel, matériel dans ses vues, dépourvu de l'amour de la beauté, préoccupé seulement de ses besoins, habile, mais non pas sage. Il vit toute sa vie à la poursuite de gains terrestres, ignorant de la beauté que la vie peut offrir, regardant de jour en jour avec espoir ce gain auquel il travaille. De cet homme on pourrait dire qu'il attend le jour où son vaisseau arrivera.

 

Le quatrième est un homme chargé de tous les désirs terrestres, qui se réjouit dans ce qu'il mange et boit. Ce qu'il connaît est le bien-être de son corps, ses plaisirs momentanés, ses joies passagères; il est esclave de ses passions et prisonnier des choses de la terre. Il est simple, il n'est intéressé par rien, sinon par lui-même. Il n'appartient à personne, et personne en réalité ne lui appartient. Il est insouciant par nature, et pourtant susceptible de dépression et de désespoir. C'est dans son cas que l'on peut dire qu'il vit pour manger.

 

Ces quatre qualités distinctes appartiennent au corps que la terre offre à l'âme, les troisième et quatrième qualités davantage que la première et la seconde. Ainsi on peut en retrouver l'origine dans cette argile dont l'âme s'est revêtue et qu'elle a appelée « moi-même»; cette argile qui est passée par tant de conditions diverses tandis qu'elle était pétrie à travers les règnes minéral, végétal et animal et enfin dont il a été fait l'image de l'homme.

 

En vérité, dans l'homme est reflété tout ce qui est sur terre et dans les cieux.

 

 

Question: Voudriez-vous nous dire si vous incluez le mental dans ce corps d'héritage? Est-ce que l'idéalisme n'est pas davantage dans le mental que dans le corps?

Réponse: Oui, il en est bien ainsi, mais en même temps le corps pourrait être assez terrestre pour s'opposer à l'idéalisme. Il faut donc que le corps aussi soit docile à l'idéal.

 

Question: Toutes les âmes partent du plan angélique pures de fautes, parce qu'il n'y a pas d'impureté ni de méchanceté et que tout est perfection, n'est-ce pas?

Réponse: Non pas. Il y a la pureté, il n'y a pas de méchanceté, mais il n'y a pas de perfection. Il n'y a qu'une perfection et elle est en Dieu. Il ne peut pas y avoir perfection là où il y a dualité. Où il y a « deux » il n'y a pas perfection, il y a seulement une vision fugitive de perfection. Dieu n'est parfait aussi que s'Il s'élève au-dessus de « un ». Même « un » Le limite.

 

Question: Est-ce alors sur terre que l'âme apprend toutes les imperfections que montre tout être humain?

Réponse: On n'apprend pas l'imperfection. L'imperfection est un état d'être. C'est la limitation qui est imperfection. La limitation est la condition de la vie. Si Dieu est parfait, tous les autres sont imparfaits. Si grands, vertueux, purs, forts et puissants soient-ils, ils sont imparfaits. Tout va vers la perfection. Cette manifestation entière est faite pour que nous puissions tous aller vers la perfection. L'intérêt de la vie est d'aller vers la perfection. Si nous étions nés parfaits, il n'y aurait pas de joie dans la vie, pas d'intérêt. Toute la beauté dont nous jouissons dans la vie provient de notre imperfection qui croît vers la perfection. Nous admirons quelque chose qui est plus grand que nous. S'il n'y avait rien vers quoi aspirer, il n'y aurait pas de but pour lequel vivre. Par conséquent, on ne doit pas se hâter trop fort dans le développement spirituel. Il est mauvais aussi d'être trop impatient.

 

Question: Est-il possible de changer la classe dans laquelle on est au fur et à mesure qu'on s'améliore?

Réponse: Tout est sujet au changement. On pourrait changer entièrement d'un type à un autre. Oui, même avec une différence aussi grande que celle qui sépare le saint du pêcheur, l'un peut être changé en l'autre.

J'ai toujours été peu disposé à admettre la méchanceté quand on m'a dit: « Telle personne s'est conduite avec une grande méchanceté le mois dernier ». Si on m'amène cette personne, je dirai: «Le mois dernier est trop loin, c'est passé, il peut ne pas en être ainsi aujourd'hui. Même si elle s'est mal conduite hier, aujourd'hui elle peut être différente, il y a de l'espoir pour elle. Une accusation concernant le mois dernier n'a aucune valeur pour moi aujourd'hui». Ceci pour la raison que l'homme par nature est bon. La bonté est sa nature propre, son être même. La méchanceté est seulement un nuage étendu sur lui, et un nuage n'est pas une chose qui est fixée, il est toujours flottant, il est quelquefois présent, quelquefois ailleurs. Est-ce que les nuages restent dans la même position? De même la méchanceté, le mal, ne restent pas. C'est tout juste comme le nuage qui passe, il vient et il s'en va. Si nous faisons confiance à la bonté de l'homme, il peut y avoir mille nuages de méchanceté, ils peuvent disparaître en un jour. Notre propre confiance les dissipera, car la profondeur de chaque âme est bonne. C'est la croyance en cette doctrine qui peut étayer la croyance en la sagesse de Dieu. Dieu ne peut pas être bon si l'homme peut toujours être méchant, car l'origine de l'homme est en Dieu.

Comme Dieu est bon, ainsi l'homme est bon. La méchanceté est une phase passagère.

 

Question: Voudriez-vous nous dire ce qui détermine le choix des quatre qualités que la terre offre à l'âme?

Réponse: A dire vrai ces qualités distinctes sont aussi une spéculation de l'esprit humain car c'est l'esprit humain qui distingue ces quatre qualités; mais, en fait, il y a des millions de qualités. Chaque qualité a son origine dans l'héritage, et c'est une sorte de mixture de qualités diverses, une sorte de solution, comme un médicament est fait de plusieurs drogues et herbes médicinales. Et de même qu'une prescription n'est pas semblable à une autre, ainsi chaque personne a une personnalité particulière différente des autres.

Chaque personne est unique en son genre, et en ceci réside le secret de l'unicité de Dieu. Non seulement Dieu est unique, mais l'homme est unique, différent de tout autre. En cela Dieu prouve qu'Il est Unique.

 

Question: Alors chacun a tout en lui, mais à des degrés différents?

Réponse: Oui, et cependant il n'est pas nécessaire de se décourager ou d'être désappointé dans la vie, parce que l'homme a la clé de sa propre vie dans la main, si seulement il le savait! Il est absurde de dire: « Je n'ai pas reçu ceci. » Il n'y a rien dans la vie que l'homme n'ait pas reçu, bonne ou mauvaise qualité. L'homme a tout reçu dans ce monde et s'il le nie, cela le rend faible et ignorant de la clé qu'il possède.

Le plus grand secret de la psychologie est celui-ci: ce qu'on pense désirable, ce qui attire, on doit dire qu'on l'a en soi et l'affirmer; et ce qui est indésirable, on doit le nier, on doit dire « Cela ne m'appartient pas. » Voilà la clé.

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Le Grand Cycle de l'Âme       Hérédité

 

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