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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


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L’Unité des Idéaux Religieux
Première partie, cahier 5, chapitre III
Pîr-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Il y a une phrase dans l'Evangile : « Frappez et on vous répondra » Le Message est la réponse au cri des âmes individuelles et collectives. La voix de Dieu parle sans cesse, mais personne n'écoute. C'est pourquoi Dieu s'est manifesté en tant qu'homme afin de pouvoir parler d'une voix encore plus forte. Mais là encore l'homme n'écoute pas. Au temps du Christ l'inspiration était présente, la voix était là avec le pouvoir divin, mais combien peu furent-ils qui écoutèrent et comprirent ? Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi.

Il n'est pas étonnant que Jésus ait eu si peu de disciples ; et parmi eux peut-être un seul qui ait eu une compréhension vraie du Maître. A l'heure ou Mohammed passait de ce monde, alors que des centaines de ses disciples étaient présents, il en désigna un et dit : « Je suis la sagesse et 'Ali est la porte ». Il s'en suivit une grande perplexité : on se demandait pourquoi il en était ainsi, puisque le Maître avait le pouvoir d'ouvrir la compréhension de chacun. Mais Il n'en est pas ainsi. Chacun a son propre problème à résoudre. A quel point inintéressant serait le monde si tous les hommes étaient parfaits ! Il serait comme un piano où toutes les notes seraient identiques.

Chaque fois que l'Esprit de Dieu est apparu sous sa vraie forme, le monde s'est opposé à lui. Pourquoi en a-t-il été ainsi ? C'est parce que l'homme a deux côtés à sa nature, l'un faux et l'autre réel. Avant que le vrai Messager puisse pénétrer jusqu'à la réalité de l'être de l'homme, il touche d'abord la partie fausse ou irréelle, et celle-ci se révolte. Et même dans le cas d'un homme qui ne se révolte pas bien que la lumière le touche, son cœur est recouvert et la lumière ne touche que le couvercle. Cet homme est attiré, et pourtant il doute.

Il y a des egos qui n'acceptent pas volontiers et ne sont pas prêts à accepter tout ce qui les attire. Plus une chose les attire, plus ils se révoltent contre elle, se demandant si ce n'est pas une tentation. Même s'ils voient un idéal ou une réalité qui les attirent, ils considèrent que la tendance à être attiré est une faiblesse. Il y a des egos qui refusent d'accepter ce que leur ami a accepté, et refusent d'admirer pleinement ce que cet ami a admiré. Même s'ils désirent prendre quelque chose qu'ils ont vu prendre par leur ami, ils refuseront de le prendre. Car la tendance de cet ego est de nager à contre-courant, c'est un ego de pouvoir. Contre ce pouvoir, le Christ a dit : « Bénis sont les pauvres en esprit ».

C'est la même force de mentalité qui, dans la plupart des contrées, a joué contre les Messagers, construisant un mur de fortification entre le Messager et les âmes qui cherchent à être guidées. Il y en a qui sont comme des cierges allumés, ils peuvent allumer d'autres cierges, ce sont eux qui peuvent inspirer les autres. Mais ces autres cierges doivent être de cire ; s'ils sont en acier, on ne peut pas les allumer. Le cœur doit être comme de la cire, il doit fondre ; s'il est en acier, on ne peut pas l'allumer.

L'absence d'idéal sur la terre rend plus facile au dévot idéaliste de faire grandir son idéal ; mais la présence de l'idéal empêche souvent le dévot de fortifier son idéal. Car l'idéal qui grandit et s'étend dans l'imagination du dévot dépassera toujours la personnalité qui vit sur la terre la vie de limitations.

Les âmes qui croient en un Messager à cause de ses pouvoirs miraculeux, ou parce qu'ils voient la foi de ses adhérents, sont ceux qui suivent, mais les âmes pour lesquelles la présence du Messager est l'évidence, et ses paroles sont une preuve, et pour lesquelles leur croyance est leur conviction, sont la fondation du nouveau Temple dans le monde.

Les disciples sont pour le Maître, comme tous les objets du ciel et de la terre sont pour le soleil. Certains sont réceptifs à la lumière du soleil et deviennent chauds et froids. Certains prospèrent et expriment leur couleur et leur parfum. Certains ferment les yeux et sont aveuglés par la lumière du soleil. Certains commencent leurs activités pendant que le soleil croît, et certains attendent le lever du soleil pendant la nuit obscure, déprimante, dans la peine et la souffrance. Quelques-uns attendent l'éclaircissement des nuages pour voir les sourires du soleil. Mais les étoiles et les planètes dans les Cieux sont encore plus réceptives et attachées aux courants spéciaux du soleil, et tels sont les disciples qui sont proches de l'esprit du Maître. Ce sont spécialement ses apôtres ; ils émettent la lumière du soleil qui est reflétée dans leur cœur.

Il y a trois stades d'action par lesquels les adeptes sincères du Message doivent passer, et la difficulté est que chaque stade a tendance à empêcher les adeptes du Message de passer au stade suivant. Cela pour la raison que dans chaque stade l'intérêt et le bonheur sont sans fin. Une autre raison est qu'un stade est tout-à-fait différent d'un autre, et que chaque stade comporte une sorte d'action contraire au précédent.



On peut appeler ces trois stades : recevoir le Message, assimiler le Message, représenter le Message.


Pour un mourîd sincère le premier stade peut être si intéressant qu'il peut penser que ce n'est jamais assez ; c'est une connaissance sans fin. Et le cœur du chercheur de la vérité n'est jamais plein - remplissez-le et il y a toujours une place à remplir - il peut recevoir pendant des années et ce ne sera jamais assez. Quand celui qui reçoit le Message en est à ce stade, l'activité des stades suivants reste inaccomplie, car le stade suivant, qui est celui de l'assimilation, est très nécessaire.

Il y en a très peu qui peuvent imaginer le temps que cela prend pour que la profondeur de l'esprit assimile la connaissance de la vérité. On assimile par le pouvoir de la contemplation, en réfléchissant sur les sujets que l'on entend, en pratiquant les enseignements dans sa vie, en regardant le monde du point de vue qui a été enseigné, en observant une seule chose dans ses mille situations différentes ; c'est ainsi qu'on assimile.


Il y en a beaucoup qui, avant d'assimiler le Message, veulent le raisonner, le discuter, veulent le justifier et voir la manière dont il s'accorde à leurs idées préconçues. De cette façon ils perturbent le feu digestif de l'esprit, car comme le mécanisme du corps travaille sans cesse pour aider à assimiler la nourriture, ainsi l'esprit est sans cesse au travail pour assimiler tout ce qu'on apprend pendant la vie. Par conséquent, c'est une question de patience et de prendre la vie tranquillement sans fatiguer trop le mental sur les choses, et de permettre à la connaissance que l'on a reçue comme une nourriture pour l'esprit d'avoir le temps d'être assimilée. En essayant d'assimiler trop tôt la connaissance, l'homme perd sa santé normale. C'est comme prendre un médicament pour aider la digestion, ce qui à la fin n'est pas bénéfique.

Mais le troisième processus est aussi nécessaire, et ceux qui n'attachent pas d'importance au troisième stade, au stade qui consiste à représenter le Message, perdent beaucoup dans la vie. Quelqu'un qui a vu une belle chose, qui a entendu quelque chose d'harmonieux, qui a goûté quelque chose de délicieux, qui a senti un parfum tout seul, en a joui, et pourtant pas complètement. La joie complète est de partager sa joie avec un autre. L'égoïste qui jouit et ne se soucie pas des autres, de quoi que ce soit qu'il jouisse, des choses de la terre ou des choses du Ciel, sa joie n'est pas complète. Ainsi c'est dans ce troisième stade que le fait de suivre le Message est complet : quand l'âme y a réfléchi et a transmis la même bénédiction aux autres.

 

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