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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Trois aspects de l'initiation
(New-York, Lenox Theatre, 21 Janvier 1926)
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


 

Texte original en anglais

On peut trouver l'interprétation de l'idée d'initiation dans le mot lui-même. C'est une initiative. Comme il y a des hordes et des troupes d'animaux sauvages et d'oiseaux, ainsi y a-t-il des êtres humains qui vont en groupes dans telle ou telle direction par le pouvoir des autres. Pourtant si vous demandez à une personne : « Est-ce votre cas ? » elle dira : « Non pas pour moi mais pour toutes les autres ». Il est difficile pour chacun de se rendre compte jusqu'à quel point il peut se diriger inconsciemment à droite ou à gauche avec la foule. Et celui-là est doué d'initiative qui fait un pas dans une direction différente, insatisfait qu'il est d'être tenu et dirigé par cette foule, ce qui veut dire par ses associés, par ses amis, ses relations, par ceux qui l'entourent. Ainsi le vrai sens de l'initiation est qu'un individu prend une direction différente, sa propre direction, au lieu de la direction dans laquelle le tire la foule. Les gens religieux diront qu'il est devenu païen, ses amis diront qu'il est devenu idiot, ses relations qu'il est devenu fou. En réalité l'individu a eu une initiation.

 

On peut expliquer l'initiation comme ayant trois aspects : l'un est l'initiation naturelle, le suivant est l'initiation avancée, et le troisième est l'initiation plus élevée.

 

L'initiation naturelle peut venir à quelqu'un à n'importe quel moment de sa vie. Elle ne vient pas à tout le monde, mais à quelques-uns. Pour cette initiation une telle personne n'a pas besoin d'aller voir un maître. Cette initiation vient en son temps. Elle vient comme un changement soudain de point de vue sur la vie. Une personne se rend compte : « Je me suis soudain réveillée dans un monde tout-à-fait différent ». Pourtant elle est dans le même monde, mais il est devenu tout-à-fait différent pour elle. Les choses qui paraissaient importantes deviennent moins importantes, les couleurs pâlissent et le brillant des choses disparaît. Les choses se montrent avec des valeurs différentes. La valeur change au moment où le point de vue devient différent. La vision entière a changé, comme si l'on voyait à travers un télescope. Et à travers ce télescope on voit la vie totalement différente.

 

Quelquefois une initiation suit une souffrance, une perte, un grand sacrifice ou un grand choc. Ainsi qu'il est dit (et comme ce dicton est vrai !) : « Du cœur brisé s'élève l'âme nouvellement née ». Par conséquent, il n'y a pas de temps fixé pour une telle chose. Quelqu'un peut être jeune et en avoir l'expérience. Elle peut venir à n'importe quel moment de la vie. A certains elle vient graduellement, mais alors c'est un long processus, c'est une ouverture graduelle du point de vue sur la vie. Et à certains, quelque chose est arrivé dans leur vie, et ainsi non seulement leur vie entière a changé, mais aussi leur vision de la vie. En un clin d'œil tout a changé. A ce moment le monde est devenu différent ; tout prend un sens différent et tout a une valeur différente. On appelle cela initiation et c'est l'initiation naturelle.

 

Maintenant vous me demanderez : « Comment cela se produit-il ? Quel en est le processus métaphysique ? » Je répondrai que l'âme est enveloppée de voiles, de voile sur voile, et déchirer un voile est permettre à l'âme de se dégager et de s'élever plus haut. Naturellement, faisant un pas plus loin, l'horizon de sa vision devient plus large, l'âme s'étend plus loin et la vue devient plus claire. Quelqu'un peut ne pas être conscient d'un tel changement ; parmi cent personnes, il se peut qu'une seule en soit réellement consciente. On peut l'ignorer, n'en rien savoir, et pourtant il est là.

 

A chaque pas que l'âme fait dans ce chemin, elle vient naturellement plus près de Dieu, et s'approcher de Dieu fait que l'on hérite des qualités de Dieu ou qu'on les attire à soi. En d'autres termes l'âme voit davantage, entend davantage, comprend davantage et se réjouit davantage, parce qu'elle vit une vie plus grande, une vie plus élevée.

 

Les grands maîtres et prophètes qui devaient donner un message à l'humanité, qui avaient un service à rendre à l'humanité, eurent de telles initiations même dans leur enfance. Il y a une histoire symbolique selon laquelle le cœur du Prophète fut ouvert et une substance en fut retirée. Mais le sens réel est qu'un voile fut déchiré, fut détruit, et qu'il fut permis à l'âme d'avancer, d'atteindre plus loin sur le chemin. Il peut y avoir plusieurs de telles initiations, il peut y en avoir une, ou deux, ou trois, quatre, cinq, six ou sept, selon l'avancement de la personne.

 

Dans notre vie telle que nous la vivons aujourd'hui, celle-ci devient très difficile pour quelqu'un dont la vision a brusquement changé, parce que le monde vit aujourd'hui à un certain diapason et il ne peut pas tolérer la personne dont le ton est au-dessous et au-dessus du diapason général de la vie. On ne l'aime pas, on lui fait des difficultés, on la désapprouve, elle et ses idées. Si cette personne ne rencontre pas un ami, un guide sur le chemin, elle peut s'attarder au même niveau de pensée jusqu'à ce que la nature vienne l'aider. Mais tout le reste la tire en arrière.

 

On dit très souvent que certains saints, maîtres ou sages n'ont pas eu d'initiation, mais on oublie qu'aucune âme ne va plus loin sans initiation.

 

La première initiation est l'initiation naturelle, et vous demanderez quel en est le résultat. L'étonnement, un extrême étonnement. Mais cet étonnement n'est pas un sentiment que les choses sont curieuses, étranges. La différence entre le fait de trouver que les choses sont curieuses et ce sentiment d'étrangeté est grand. Trouver les choses curieuses revient à se demander : « Est-ce vrai ? J'en doute ». L'étonnement est quand une personne dit : « Comme c'est merveilleux, comme c'est extraordinaire ; les mots ne peuvent pas l'expliquer, c'est un phénomène, c'est plus qu'un miracle ». Peut-être est-ce très simple pour une autre personne, tout-à-fait simple, mais pour la personne avancée c'est un miracle, une merveille. Les autres peuvent dire : « C'est idiot, je ne vois rien là d'extraordinaire. Qu'avez-vous vu ? » Mais ce que la première a perçu est si merveilleux qu'elle ne peut pas l'expliquer.

 

Un jour j'ai parlé avec un homme très instruit dans l'Inde, un docteur en philosophie qui avait écrit cinquante livres et en avait lu un millier. Quand j'eus parlé avec lui, il fut si intéressé qu'il pensa que je lui avais vraiment donné quelques idées nouvelles qui valaient qu'on y réfléchisse, qu'on les considère. Je pensai donc que s'il était tellement intéressé, ce serait une grande chose qu'il rencontrât mon maître. Donc je lui dis : « Je voudrais que vous voyiez mon maître. Il est merveilleux, unique au monde, c'est en lui-même un prodige ». Sa curiosité fut éveillée et il se demanda réellement à quel point devait être remarquable le maître dont l'élève l'avait intéressé. De sorte qu'il me demanda : « Comment s'appelle-t-il ? » Je le lui dis et ajoutai : « Il habite dans cette ville, à tel et tel endroit ». Il dit alors : « C'est mon voisin. Je le connais depuis vingt ans ; certainement je le connais ! » Mais s'il avait été son voisin depuis cent ans, il ne l'aurait pas connu.

 

Telle est la vie ; c'est la différence de vision. L'un voit une merveille, une splendeur et un autre dit : « Qu'est-ce que c'est ? C'est tout-à-fait simple, ce n'est rien du tout ». Et celui qui dit : « Ce n'est rien du tout, c'est simple », pense : « Je suis supérieur, parce que je vois que c'est simple ». Et celui qui s'émerveille paraît un enfant, parce qu'un enfant s'émerveille de tout. Certainement c'est enfantin, mais c'est l'âme de l'enfant qui voit. Elle voit davantage que l'âme de l'adulte, qui est recouverte de mille voiles. L'enfant dans son enfance ne peut pas comprendre, mais dans sa petite enfance l'enfant peut voir le monde angélique, il peut parler avec des entités invisibles, il peut voir des choses merveilleuses de différents plans. Il est facile de dire : « C'est enfantin, innocent, ignorant », pourtant c'est la chose la plus merveilleuse que d'être enfantin et d'avoir l'innocence d'un petit enfant. Il n'y a rien de mieux à souhaiter, car c'est là qu'on peut trouver toute la beauté et tout le bonheur qu'on peut trouver.

 

Cet étonnement produit chez quelqu'un une sorte de pessimisme ; mais un pessimisme qui n'est pas comparable avec ce que nous appelons d'habitude pessimisme. Car ce que nous reconnaissons comme pessimisme est une tristesse qui ne mène quelqu'un nulle part, mais c'est un autre pessimisme. C'est comme le dit Omar Khayyam :

 

O mon aimé, remplis la coupe qui enlève aujourd'hui
les regrets d'hier et les peurs de demain.

Demain ? Eh bien demain je serai moi-même
avec les soixante-dix mille ans d'hier.

 

Cette sorte de pessimisme se produit. Il se produit parce que c'est une élévation, il vous soulève. Un être voit la vie sous un angle différent. La vie qui paraissait jusque-là au-dessus de sa tête, apparaît comme étant sous ses pieds. Si l'on demande : « Qu'en est-il ? », on ne peut pas l'appeler indifférence, on ne peut pas l'appeler indépendance. C'est du pessimisme et pourtant ce n'est aucune de ces trois choses. Il n'y a aucun mot pour cela en anglais, aucun mot. Dans l'Hindoustan ils appellent cela Vaïragya, un terme sanskrit signifiant une émotion, un sentiment totalement différent quand on le compare à toutes les autres manières de considérer la vie, un point de vue qui place un être dans un monde de pensée totalement différent. La valeur des choses semble avoir changé, la valeur des conditions est changée. On pourrait dire : « Etre indifférent, quelle vie inintéressante ! ». Mais il n'en est pas ainsi. C'est des plus intéressant. Un sentiment qui enlève le poids de la vie, le fardeau de la vie, quel merveilleux sentiment cela doit être ! Une petite détente après le labeur de la journée, quand on peut se reposer un petit moment, quelle élévation cela donne, quelles vibrations calmantes arrivent, comme le mental se sent reposé ! Alors donc, quand l'esprit, l'âme, a la même expérience, sentant que le fardeau qui lui pesait sans cesse du matin au soir, est enlevé, alors cet esprit se sent agrandi pour un instant. Quelle bénédiction c'est là ! On ne peut pas le dire en paroles, mais celui qui en a fait l'expérience à un moindre degré peut comprendre sa valeur.

 

Il est sûr qu'il vient un moment dans la vie d'une personne, même si elle a été mille fois initiée par la nature, où elle cherche un guide marchant sur la terre. Beaucoup disent : « Pourquoi est-ce que cela ne serait pas Dieu et personne entre les deux ? Pourquoi cela devrait-il être une personne aussi limitée que nous le sommes ? Pourquoi ne pas atteindre directement l'Esprit de Dieu ? » Mais je dis : S'il y a un homme qui est votre ennemi, qui a torturé votre vie, et puis un autre qui est votre grand ami, et puis qu'il y ait votre maître qui vous a inspiré et guidé, en tous les trois il y a la main de Dieu. Ils vous ont tous trois guidé sur le chemin de l'inspiration, ils sont tous trois nécessaires dans la vie pour aller plus loin. Il est aussi votre initiateur, celui qui vous a trompé, qui vous a fait du mal, qui a torturé votre vie, car il vous a enseigné quelque chose, il vous a mis sur la route. Et celui qui a été votre ami, il est votre initiateur, car il apporte l'évidence de la vérité, le signe de la réalité ; car il n'y a rien d'autre que l'amour qui vous donne le signe qu'il y a quelque chose de vivant, quelque chose de réel.

 

Et puis il y a le maître qui apporte l'inspiration, même si c'est un homme humble, une personne illettrée, une personne méditative, un grand maître, ou un maître plus petit. Il est ce que nous en pensons, car toutes les personnes sont ce que nous pensons d'elles. Si nous pensons qu'elles sont grandes ou bonnes, elles sont grandes et bonnes pour nous ; si nous pensons qu'elles sont petites, elles le sont pour nous. Tout est dans notre manière de regarder les choses.

 

S'il n'était pas nécessaire que l'homme guide son prochain, Jésus-Christ n'aurait pas été placé parmi des pêcheurs qui ne pouvaient pas le comprendre. Pourtant il leur apportait une guidance. Une personnalisé telle que le Bouddha et tous les autres, beaucoup d'entr'eux n'étant même pas connus de l'humanité, et qui pourtant ont fait beaucoup, qui ont toujours été, ceux-là seront toujours sous quelque nom que ce soit, sous quelqu'aspect qu'ils travaillent, et le fait qu'ils soient sur la terre est une guidance pour les individus, pour l'humanité. Dieu ne nous atteint pas si complètement qu'Il le fait à travers Ses maîtres. La meilleure manière pour Dieu d'atteindre les êtres humains est de le faire à travers un être humain ; non pas par l'intermédiaire d'un ange, mais d'un être humain qui est sujet à la naissance et à la mort et sujet à toutes les fautes que chacun peut commettre.

 

La manière du maître envers son initié est étrange. Plus grand est le maître, plus étrange est sa manière. Le maître peut faire passer des tests et le maître peut donner des épreuves. L'attitude du maître ne peut jamais être comprise, jamais être saisie, car le maître ne se compromet jamais. On ne peut pas non plus comprendre son 'oui' ni son 'non', car leur sens est symbolique, il est subtil. Peut-être parlera-t-il en paraboles ou peut-être enseignera-t-il sans enseigner. Peut-être enseignera-t-il davantage par un simple regard qu'en disant cent paroles. Peut-être la présence du maître sera-t-elle une plus grande bénédiction dans la vie de l'élève qu'une centaine de livres qu'il aura lus. Ni l'indifférence ni la sympathie du maître ne peuvent être prises pour ce qu'elles apparaissent, car en toutes deux il y a quelque chose d'autre. Plus on étudie la personnalité du maître, plus on est perplexe. Le maître est l'initiateur de la vie, il est l'exemple de la subtilité de la vie entière.

 

Cela peut sembler étrange, mais cela peut vous intéresser de savoir qu'après mon initiation de la main de mon maître, j'allais voir mon maître qui vivait à une grande distance. Les communications n'étaient pas comme à New-York ; il était très difficile de l'atteindre. Après avoir franchi tous ces kilomètres, on aurait pu espérer quelqu'enseignement, et il n'y en avait pas ; il y avait une conversation sur les plantes, la musique ou les concerts ou quelqu'autre chose. Pendant six mois je restai perplexe ; « Pourquoi mon maître ne parle pas de l'aspect plus profond de la vie, pourquoi tout le temps une conversation comme celle de n'importe qui ? » Un jour au bout de six mois le maître me parla des divers plans d'existence, et je fus si intéressé et j'eus si peur d'en perdre quelque chose, que, comme un jeune homme moderne, je pris un carnet et un crayon. Et que pensez-vous qu'il fit ? Il changea aussitôt de sujet avant que j'aie pu écrire tout ce qu'il disait. Pensez-vous que j'ai eu l'insolence de demander à nouveau ? Six mois de plus je dus attendre, mais je pensai que mille livres n'auraient pas pu me donner ce qui m'était donné sans paroles, qui était la vie et la lumière mêmes. La présence de l'âme illuminée est la vie elle-même : elle fait apprendre et percevoir et comprendre quelque chose au-delà des mots. Et quand la parole vivante vous est donnée, ces mots viennent d'eux-mêmes, vous n'avez pas besoin de lire ou d'écrire, vous devenez la parole. « D'abord il y eut le Verbe et le Verbe était Dieu ». Parce que dans le maître on voit l'exemple de ce Verbe, par conséquent être initié sous la direction d'un maître est faire un pas plus loin sur le chemin.

 

Mais beaucoup disent : « Nous sommes initiés par un maître qui est dans l'autre monde ». Ils ont leurs raisons et ils sont initiés. Mais est-ce que ce ne sont pas deux mondes, vous dans un monde, le maître dans l'autre monde ? Vous n'appartenez pas plus à son monde que lui au vôtre. Certes, cela vous cause moins de tracas que de considérer le plaisir d'un être vivant. Il est plus facile d'avoir quelqu'un derrière vous qui parle toujours à vos oreilles, qui vous parle dans un songe ou une vision. Ce n'est pas faux et dans beaucoup de cas c'est vrai. Il y a des âmes, il y a des maîtres qui n'ont peut-être pas donné sur la terre ce qu'ils avaient à donner, ce qu'ils avaient à communiquer aux autres, mais ce n'est pas le processus normal. Si c'était le processus normal, alors tous les maîtres auraient été envoyés enseigner depuis là-haut. Mais ni Bouddha, ni Jésus-Christ, ni Mohammed n'ont donné leur enseignement depuis là.

 

Il y a beaucoup à dire sur cette question sur laquelle on discute beaucoup aujourd'hui. L'idée prédominante est qu'aucun homme ne devrait guider son prochain, qu'il n'y a pas de vérité dans cette guidance. Cette idée prévaut tellement qu'elle prive l'homme de chercher l'aide spirituelle de quelqu'un qui est son prochain, qui rencontre les mêmes luttes, les mêmes ennuis, qui a les mêmes expériences que chacun. Ils persistent à le rejeter, comme Jésus-Christ fut rejeté, et ils cherchent quelqu'un dans un autre plan. Beaucoup de sociétés et de groupes se sont cassé la tête à ce sujet, tant qu'ils se sont privés de cette eau vive qui a son cours naturel parmi le monde des hommes.

 

Le travail du maître est un travail des plus subtils. C'est le travail d'art de l'orfèvre qui doit d'abord fondre l'or, et puis en faire un ornement. Il doit d'abord être fondu. Une fois qu'il a fondu, qu'il n'est plus du métal dur mais est devenu liquide, alors on peut en faire une couronne ou un anneau, un ornement ; alors le maître peut en faire un bel objet.

 

Après cela vient le pas suivant. Une fois que l'on en a terminé avec les initiations que le maître doit donner, la tâche de maître est finie. Alors le maître dit : « Ton chemin va maintenant plus loin ». Le maître ne retient pas pour toujours son élève. Il a son rôle à jouer pendant le voyage sur le chemin. Ensuite vient l'initiation intérieure. Elle vient à la personne qui est devenue méditative, dont l'intérêt est devenu vif, dont le point de vue s'est élargi, qui voit la vie différemment, dont la conscience a pris l'habitude de raisonner, de s'étendre.

 

Dans cette expérience, ii est certain que l'aide est toujours présente. De même que l'aide vient sur la terre, ainsi dans le monde invisible l'aide arrive aussi. Supposez que nous soyons en quelque difficulté dans la rue ; les autres s'approcheraient naturellement pour voir s'ils pourraient nous sortir d'affaire. A mesure que l'on va plus loin, l'on attire la sympathie d'êtres qui sont toujours occupés à aider l'humanité, de tous les plans d'existence. La sympathie de ceux qui sont près de celui qui voyage sur le chemin est attirée ; ils lui offrent leur main pour aller plus loin. C'est cette main donnée qu'on appelle initiation.

 

Si je devais vous en parler, il y a beaucoup d'initiations différentes. Elles sont les marches qui mènent plus haut. En conclusion, je dirai seulement ce que l'on atteint par l'initiation. Ce que l'on atteint est la réalisation de soi pour laquelle nous sommes nés, qui est le but de notre vie. A moins que nous ne nous approchions du but de la vie, quoi que nous fassions ne nous aidera pas suffisamment ; cela comblera seulement un certain besoin, mais ne nous poussera pas plus loin. Il n'y a qu'une chose qui donne toute satisfaction et c'est d'arriver à la réalisation de soi. Ce n'est pas simple et cela ne nécessite pas seulement la méditation et la concentration, bien que celles-ci soient une grande aide dans l'atteinte de la réalisation de soi. Ceux qui pensent que par la lecture de livres sur le yoga ils pourront atteindre cette réalisation se trompent. Ils se trompent pour la raison que c'est un phénomène, et que c'est par ce phénomène que l'on va plus loin.

 

Les gens pensent que par une simple étude, une étude scientifique, ils peuvent atteindre la réalisation. Mais pour atteindre à la réalisation de soi, en dehors de l'initiation et de la méditation, un certain mode de vie est nécessaire. Vous demanderez : « Quelle sorte de vie ? Est-ce la vie qu'enseignent les gens religieux, une vie de certains principes, de certains dogmes ? » Non, rien de tout cela. Cette vie est un processus qui consiste à effacer sans cesse le moi. C'est comme de moudre quelque chose de très dur ; c'est moudre continuellement le moi qui pèse si lourdement sur nous. Plus le moi est adouci, plus haut évolue une personne, et plus sa personnalité devient grande. Peu importe le pouvoir qu'une personne peut avoir atteint et quelle inspiration elle peut avoir acquis, s'il n'y a pas d'effacement de soi rien n'est accompli. Après avoir eu l'initiation et le résultat que donne la méditation il y a cette troisième chose qui est l'effacement de soi. L'on doit continuer dans le processus de l'effacement de soi qui est nécessaire pour arriver à la sagesse.

 

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A la rencontre du Maître

 

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