L'œuvre de Murshida Sharifa Lucy GOODENOUGH


Peu de disciples directs de Sufi Inayat Khan ont laissé une oeuvre écrite. Murshida Sharifa Lucy Goodenough fut à la fois une disciple très proche, mais aussi la collaboratrice principale du Maître. Elle a traduit parfaitement sa pensée dans ses conférences et dans ses écrits. On trouvera les unes et les autres dans ce site au fur et à mesure de son alimentation.

Murshida Sharifa Lucy Goodenough

Distinguée en ses manières, Lucy Goodenough (25 août 1876 - 8 mars 1937) le fut aussi par la naissance et par l'empreinte de l'esprit. Apparentée aux Habsbourg par sa mère, elle manifesta très tôt un intérêt passionné pour la psychologie de l'être humain et la vie de l'âme. Cependant elle ne rencontra qu'en 1910 celui qui devait exercer sur elle l'influence la plus profonde, Hazrat Inayat, philosophe et mystique soufi. En cet homme exceptionnel qui savait susciter l'élan vers un idéal élevé en tous ceux qui l'approchaient, elle reconnut son Murshid, son maître spirituel. Lui-même sut distinguer en cette âme d'élite qu'était Miss Goodenough cette disposition particulière à la vie intérieure que la grâce divine accorde à certaines personnes, don précieux et rare que l'on ne rencontre pas souvent, même en Orient.

Il l'initia au Soufisme et lui confia très vite des responsabilités de plus en plus importantes dans le groupe qu'il avait fondé de personnes initiées à la mystique des Soufis. Entre autres tâches, c'est en grande partie grâce à elle que l'on doit la transcription de l'enseignement oral d'Hazrat Inayat "sous une forme exempte de toute corruption" comme il se plaisait à le reconnaître lui-même en faisant l'éloge de sa collaboratrice.

A la mort du Maître, en 1927, elle était Murshida sous le nom de "sharifa ", c'est-à-dire qu'elle s'occupait d'enseigner les disciples dans la voie mystique des Soufis. Elle incarnait à la perfection l'esprit de négation de soi propre à l'aspirant dans la voie spirituelle, à tel point que sa propre personne disparut devant l'idéal que représentait pour elle son Murshid : Hazrat Inayat. Par la suite, elle montra dans sa manière exemplaire de vivre l'esprit du Soufisme, jusqu'à quel point l'on peut s'élever dans l'état spirituel grâce à un continuel effacement de soi.

Cependant cet effacement même entretenait autour d'elle comme un nimbe de silence et n'attirait pas les foules : peu d'êtres arrivent à comprendre que la spiritualité intense et profonde ne s'annonce pas au son du tambour. Par ailleurs, Murshida Sharifa possédait par nature un tempérament d'ascète. Malgré la bienveillance foncière de son caractère, cette prédisposition, soutenue par la réserve britannique et aussi par son éducation dans une famille de rang social élevé, ne la rendait pas d'un abord facile. A part la présence de quelques disciples et de quelques respectueux amis, elle vécut dans la solitude. Elle fut seule pour tenter de maintenir l'esprit véritable du message d'Hazrat Inayat, au milieu des déviations inévitables qui suivirent la mort du Maître.

Seule pour faire front devant les inimitiés que son attitude d'intransigeante fidélité au "Murshid" lui valut alors parmi les membres du Mouvement Soufi. De cette hostilité, comme de cette déviation, elle souffrit intensément, mais elle montra à ceux qui la suivaient ce qu'étaient le pardon et l'oubli des injures.

Durant cette période très difficile qui correspond aux dernières années de sa vie, son rayonnement était loin d'échapper à tous ceux qui la connaissaient. M. de Cruzat-Zanetti, "Executive Supervisor*" du Mouvement Soufi écrivit ces ligues significatives, après la mort de Murshida Sharifa : "J'ai pu, par mes observations personnelles au cours de nombreuses années, acquérir la conviction que personne n'a jamais été plus qu'elle en intime communion de pensée et d'objectif avec Inayat Khan. " Et plus loin: "Combien cet esprit si admirablement développé et ces traditions d'excellente éducation manqueront aux réunions futures du Mouvement Soufi ! La sérénité avec laquelle elle assistait à ces réunions, souvent sous l'assaut d'attaques aussi sottes de contenu qu'impardonnablement vulgaires de forme, était une leçon, montrant à quel degré de perfection peut atteindre une intelligence disciplinée et un esprit qui se maîtrise. Son cerveau était un des organes les plus fins que j'aie jamais eu le privilège de rencontrer. Je l'ai vue sans préparation, répéter dans les termes même la relation de notes égarées d'une réunion remontant à une année de date, qui, comparée ensuite au compte rendu officiel, se trouva rigoureusement exacte. Et cependant, à chacune de ces réunions, elle pouvait donner l'impression d'être distante, comme détachée du sujet traité. Ce fait peut servir à illustrer, par un exemple visible, que les méthodes des mystiques aboutissent à rendre plus aigus et plus puissants les instruments que Dieu nous a donnés pour agir sur le plan de l'existence terrestre. "

Il est difficile d'exprimer pleinement ce qu'elle fut pour ses disciples, ce que son aide leur apporta. Au moins, pour tenter de cerner d'un dernier trait l'esquisse de sa noble figure, transcrirons-nous ici ce qu'écrivit l'un de ceux qui l'approchèrent : "Nous ne reverrons plus un être qui lui soit semblable, mais, au-delà du temps et de l'espace, nous trouvons dans les chefs-d'oeuvre de l'art son expression et ses gestes. De merveilleux portraits de prêtres japonais la montrent dans son recueillement ; des sibylles de Michel-Ange, lisant et prédisant l'avenir, irradient sa forme spirituelle ; des saints de Giotto et de Vivarini, libérés de toute pesanteur terrestre, pleurant la mort du Christ ou se penchant sur l'Enfant Jésus, c'est encore son expression qui rayonne, des rayons de son grand amour. Non seulement dans les belles images d'autrefois, mais aussi dans les vers des plus grands poètes, nous retrouvons votre figure, Murshida Goodenough. Shakespeare, qui vous était cher, a esquissé votre portrait :

"Beauté, vérité. rareté
Grâce, en toute simplicité... "

Ayant compris le Message donné par Pir-o-Murshid Inayat Khan et son exacte portée comme peu d'être l'ont compris, Murshida Sharifa le traduisit dans sa parole et dans sa vie. Cette vie demeure avec ses disciples, elle est pour eux l'exemple et le chemin de la perfection spirituelle. Sa parole, on en trouvera ici quelques aspects, tirés des conférences qu'elle prononça dans ses dernières années.

 

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