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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


L'APPROCHE DU BUT RÉEL DE LA VIE
Le But de la Vie
Chapitre 11
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


Texte original en anglais

Quelqu'un qui est consciencieux dans de son devoir, qui attache grande importance à son idéal, est enclin à dire à la personne engagée dans la poursuite de l'argent: "Vous essayez d'obtenir les trésors de la terre, et j'accomplis ce que je considère comme mon devoir". L'individu qui fait son chemin vers le ciel, qui a le paradis comme espérance, est enclin à dire à celui qui cherche le plaisir: "Vous êtes absorbé par les plaisirs momentanés de la vie, et moi je travaille pour la vie à venir". Mais la personne qui est occupée à faire de l'argent peut dire aussi à celle qui a conscience de son devoir et à celle qui possède un idéal élevé: "Si vous aviez à passer par l'expérience par laquelle je dois passer, vous y verriez aussi quelque chose qui a sa valeur". Et à celle qui recherche le paradis l'être qui recherche le plaisir pourrait aussi répondre, comme Omar Khayyam l'a dit:

"O mon aimée, emplis la coupe qui efface aujourd'hui les regrets d'hier et les peurs de demain.
Demain? Quoi! demain je pourrai être moi-même avec les soixante-dix mille ans d'hier!

 

Cela montre que tous ces chercheurs d'objets différents, ceux qui cherchent la richesse, ceux qui cherchent l'idéal, ceux qui cherchent le plaisir et ceux qui cherchent le paradis, doivent avoir leur propre chemin, et en même temps auront leurs propres raisons. L'une peut contredire l'autre, bien qu'ils fassent tous leur chemin vers le but. Tôt ou tard, avec plus ou moins de difficulté, ils doivent un jour arriver au but de la vie.

 

L'on pourrait demander: "De ces quatre chemins, lequel est le meilleur pour arriver au but de la vie?". Ce chemin est le meilleur qui vous convient le mieux. Le chemin d'une personne n'est pas pour une autre personne, bien que l'homme soit toujours enclin à accuser l'autre de mal faire, pensant que lui-même fait bien. A dire vrai, le but est au delà de ces quatre objets. Ce n'est ni dans le paradis, ni dans l'idéal, ni dans les plaisirs, ni dans les richesses de cette terre, qu'est accompli ce but; ce but est accompli quand une personne s'est élevée au-dessus de tous ces objets. C'est une telle personne qui tolérera tout, qui comprendra tout, qui assimilera toutes choses, qui ne s'irritera pas des choses qui ne sont pas en accord avec sa propre nature ou avec le chemin qui n'est pas le sien. Elle ne les regardera pas avec mépris, mais elle verra que dans le fond de l'être de chaque personne, il y a une étincelle divine qui s'efforce d'élever sa flamme vers le but.

 

Quand une personne est arrivée à ce stade, c'est alors qu'elle s'est élevée au-dessus des limitations du monde. Elle est alors autorisée à éprouver la joie de s'approcher du but réel de la vie. C'est alors que, dans toute chose qu'elle dit ou fait, elle accomplira ce but. Que cela paraisse extérieurement la bonne ou la mauvaise chose au monde, elle accomplit malgré tout son but.

 

Par exemple, j'ai vu des âmes saintes prendre part à une procession religieuse qui était sans doute constituée de gens très ordinaires; des milliers de gens qui en faisaient une sorte de réjouissance, jouant de la musique et dansant devant la procession, chantant et s'amusant ; et parmi eux, des âmes très hautement développées, que l'on peut appeler des saints, faisant la même chose, suivant toute la procession. On peut se demander s’ils en avaient besoin. Etait-ce bon pour leur évolution, ou bien en obtenaient-ils une satisfaction quelconque? Non, et pourtant cela n'empêchait pas leur progrès. Ils sont ce qu’ils sont, ils savent ce qu'ils savent. Une grande personne, en jouant avec des enfants, ne devient pas enfant; elle s'adapte seulement pour un temps aux jeux des enfants. Salomon n’était-il pas assis sur un trône, et ne portait-il pas une couronne? Cela le rendait-il moins sage et cela lui dérobait-il sa spiritualité? Non, car il était au-dessus. Pour lui le trône et la couronne n'étaient qu'une part du rôle qu'il avait à jouer dans la pièce pour le temps voulu, c'était un passe-temps. Il est écrit que Krishna prit part à la bataille du Mahabharata. Un homme se croyant juste qui considérerait cela comme une chose cruelle serait prêt à condamner Krishna pour cette méchante inclination. Mais derrière cette apparence extérieure, qu'y avait-il? Il y avait la plus haute réalisation d'amour, de sagesse, de justice, de bonté; l'âme avait atteint son sommet. Quelqu'un d'ordinaire, même aujourd'hui, peut en juger, et dire: "Comment pourrait-il être un grand maître celui qui conduisait l'armée d'Arjuna"? Nous en venons à comprendre, grâce à cela, que plus nous avançons, plus tolérants nous devenons. Les choses extérieures importent peu, c'est la réalisation intérieure qui compte.

 

Aussi sacré que soit le devoir, aussi élevée que puisse être l'espérance du paradis, aussi grand que soit le bonheur que l'on éprouve dans les plaisirs terrestres, quelle que soit la satisfaction que l'on trouve dans les trésors de la terre, le but de la vie est de s'élever au-dessus de toutes choses. C'est alors que l'âme ne sentira plus l'aiguillon de la mort. C'est alors que l'âme ne connaîtra aucune limitation. C'est alors que l'âme n'éprouvera plus aucune discorde, aucun désaccord avec autrui. C'est alors que l'attitude naturelle de l'âme deviendra tolérante et indulgente.

 

Le but de la vie est accompli en s'élevant aux plus hauts sommets et en plongeant dans les plus grandes profondeurs de la vie, en élargissant le domaine de notre horizon, en pénétrant la vie dans tous ses domaines, en se perdant et en se trouvant à la fin. Dans l'accomplissement du but de la vie, le but de la création est accompli. Par conséquent, dans cet accomplissement ce n'est pas que l'homme ait atteint son but, mais que Dieu Lui-Même a achevé son dessein.

 

 

Question: Voudriez-vous expliquer ce que vous entendez par "plonger dans les profondeurs de la vie"?

Réponse : Un riche marchand désirait sélectionner un agent pour ses affaires, et il avait à choisir entre deux candidats. Un jour, durant la dernière partie de la nuit, il entendit des wagons qui venaient d'un autre pays dans sa ville. Il demanda à l'un des candidats d'aller voir ce que c'était, et dix minutes plus tard, il demanda à l'autre candidat: "Qu'est-ce que c'est? J'entends du bruit au loin". Le premier alla et revint disant: "Monsieur, il y a des wagons chargés de blé. Beaucoup de wagons arrivent". L'autre revint une demi-heure plus tard, et dit: "Puisqu'il y avait cent wagons remplis de grain, j'ai vu que c'était une occasion pour nous, je les ai par conséquent achetés aussitôt. Comme nous approchions de la ville, nous avons eu une offre, aussi les ai-je vendus et en voici le chèque".

Celui qui fut envoyé le premier vit ce qui se passait à la surface. Le second vit ce qui se passait, et ce que l'on pouvait en faire, et comment profiter de la situation. Ainsi chaque âme est envoyée par le Maître pour la même raison, tout comme un agent sort pour faire quelque chose. L'un va et vient et regarde ici et là; il se décourage ou s'effraie, il en est déçu ou effrayé; mécontent, il veut se suicider. Un autre regarde tout, et dit: "Quel est ce bruit? Qu'est-ce qu'il signifie? Est-ce quelque chose que je ne comprends pas? Je dois d'abord en connaître le langage. De quel langage s'agit-il? Qu'est-ce que c'est? Quel est son but? Quel profit peut-on en tirer? Quelle en est la conséquence? Quel devoir est-ce que j'y ai? Quel est le but à accomplir et quelle est la manière dont je dois l'accomplir?". Telle est la personne qui plonge dans les profondeurs de la vie. La première personne est là et elle regarde la surface des choses, elle a peur, elle en est effrayée, elle en sait très peu, et elle s'enfuit.

 

Question: Un être simple, qui durant sa vie a eu comme idéal d'avoir par exemple une automobile, en connaîtra-t-il l'accomplissement au paradis?

Réponse : Pour avoir des autos au paradis, ils doivent évidemment avoir des usines. Le paradis ne serait plus le paradis s'ils avaient des usines, avec tout ce bruit qui n'en finit pas! Néanmoins, pour cette personne un paradis sera spécialement construit avec des usines et des automobiles.

 

Question: Voudriez-vous s'il vous plaît expliquer le vers: "A moins qu'un homme ne soit né d'eau et d'esprit, il n'entrera pas dans le Royaume de Dieu"?

Réponse : L'eau dans ce cas est la matière. L'esprit est cet esprit qui est vie invisible, la matière est cette vie qui est vie visible. La terre est un élément qui suit l'eau, l'eau est l'élément précédent. Par conséquent, quand le Maître a dit "eau", cela signifie la terre et l'eau ensemble, parce que l'eau est le symbole de la vie physique. L'esprit est le symbole de la vie spirituelle. Par conséquent, "à moins qu'une personne" signifie une âme. "Une fois qu'une âme est née d'eau" signifie: née de la vie physique; et "de nouveau est née d'esprit" signifie qu'elle a trouvé son origine, son héritage non pas dans la vie physique mais dans la vie spirituelle. C'est alors qu'elle est capable d'entrer dans le royaume de Dieu.

 

Question: Est-ce cela que les Hindous appellent être deux fois né?

Réponse : C'est bien pourquoi chez les brahmines il y a le mot dvija qui veut dire deux fois né.

 

Question: N'est-il pas possible pour une personne d'exagérer et de négliger la vie intérieure en sondant et examinant les choses extérieures?

Réponse : L'exemple commercial que j'ai donné est une analogie de la vie spirituelle. Quand une âme prend conscience d'avoir été envoyée comme agent pour un certain travail, alors elle cherche à connaître la vie. Par ailleurs, il y a beaucoup d'êtres bons dans la vie; ils ne sont pas toujours spirituels. Ce sont des gens très bons et si l'on appelle la bonté spiritualité, c'est une autre chose. Et puis il y a beaucoup de gens instruits; on ne les appelle pas spirituels. La spiritualité est la compréhension de la vie; par conséquent la spiritualité est une chose naturelle que la nature demande, et par laquelle la nature se sent libérée, l'âme se sent libérée. Sans quoi l'âme se sent en prison. Toute confusion et dépression et douleur et désespoir viennent de cet emprisonnement de l'âme, et elle s'élève au-dessus de cette prison en étant capable de comprendre la vie. C'est la compréhension qui la libère. En vérité c'est la vérité qui sauvera.

De plus, savoir n'est pas une chose indésirable ; quoi que nous sachions, que nous sachions les voies du commerce, les secrets d'une profession, les idées de la science, le mystère de l'art ou la philosophie de la vie ou la psychologie de la nature humaine. Le fait même de connaître, de vouloir connaître, est un signe de spiritualité, car le but entier de la création est de connaître, et ce but est exprimé dans un petit enfant. Quand quelqu'un pense: "Je sais, je n'ai plus rien à connaître", alors il finit là, il ne vit plus. Si l'on désire vivre, l'on doit savoir qu'il y a toujours beaucoup à savoir, que ce n'est jamais assez. L'on peut être tellement béni par la connaissance, que l'on touche les profondeurs de la vie et que l'on atteigne les hauteurs de la vie, et pourtant l'on peut apprendre d'un petit enfant quelque chose qui vaudra la peine d'être connu.

 

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