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Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


LES CENTRES DE PERCEPTION INTERNE
Le Grand Cycle de l'Âme
L'âme manifestée
Le corps
Chapitre 3
Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan


 

De même qu'il y a divers organes des sens, ainsi il y a les centres de perception interne. Ces centres sont les sièges des facultés intuitives. Il y en a deux parmi ces centres qui sont de grande importance: le cœur et la tête. Si l'entraînement des Soufis diffère de celui des Yogis, c'est dans l'entraînement de ces deux centres à la fois, grâce à quoi le Soufi produit l'équilibre. La tête sans le cœur montre un intellect sec, le cœur sans la tête représente une condition non équilibrée. L'équilibre est l'utilisation de ces deux facultés. L'entraînement soufi tout entier est basé sur ce principe.

 

Les centres peuvent être comparés à l'espace qu'on trouve dans la pomme. Ils sont un "akasha", une capacité, où non seulement l'odorat, le toucher, l'ouïe, et la vue sont perçus, mais aussi la pensée et le sentiment de l'autre; la condition dans l'atmosphère, le plaisir et le déplaisir de son prochain sont perçus; et si le sens de perception est plus aigu, alors même le passé, le présent et le futur peuvent être perçus. Quand l'homme ne perçoit pas de cette façon, cela ne veut pas dire que ce soit étranger à sa nature. Cela veut dire seulement que l'âme n'a pas développé ce pouvoir de perception dans son corps. L'absence de telles perceptions subtiles cause, par voie de conséquence naturelle, dépression et confusion, car l'âme aspire à une perception plus aiguë, et elle éprouve de la confusion, et parfois de l'énervement, à cause de ce manque d'une perception plus complète - comme quelqu'un d'aveugle se sent nerveux parce que son aspiration intime est de voir et que, l'organe de la vision venant à manquer, cela le trouble.

 

Ceci est généralement la cause cachée qui rend beaucoup d'êtres nerveux. La vie telle que nous la vivons est une vie tout à fait artificielle, et elle travaille contre cela (contre une perception plus complète). Nous n'avons pas besoin de lire les traditions anciennes pour chercher si c'est vrai. Aujourd'hui, dans les peuples qui vivent une vie moins artificielle, une vie plus simple, une vie dans et près de la nature, les facultés intuitives sont plus aiguisées, et ces gens montrent un bonheur plus grand.

 

Ces centres arrivent à être bloqués par certaines nourritures et en vivant une vie plus matérialiste. Ces centres sont logés dans certains endroits, et, de même qu'il y a certaines plantes dans les anfractuosités des montagnes où le soleil ne donne pas et que l'air ne touche pas et où il est difficile à ces plantes de vivre, de même en est-il des centres de perception logés dans le corps physique. Le corps est nourri par les aliments, mais ces centres restent sans aucune nourriture. Le corps physique, qui est fait de matière, sa subsistance est dans la matière; mais les centres de perception sont faits d'une manière encore plus subtile, et bien qu'ils soient logés dans le corps physique, aucune nourriture ne peut les atteindre, excepté celle qui est attirée par le souffle, la substance si subtile qu'elle n'est pas même visible. Dans le langage des mystiques, elle est appelée "nour", qui veut dire lumière.

 

Le corps n'a pas seulement besoin de nourriture, mais aussi de souffle, en d'autres termes de vibrations; et cette vibration lui est donnée par la répétition de mots sacrés. Les sons, les voyelles, la composition des mots sacrés sont comme chimiques, et c'est cette chimie qui était appelée par les philosophes autrefois alchimie. Ces centres sont les akashas, ou dômes, où chaque son a son écho; et l'écho une fois produit dans cet akasha ou "asmân" atteint tous les autres asmâns qui existent au-dedans et au-dehors. Par conséquent, la répétition d'un mot sacré n'a pas seulement à faire avec soi-même et sa propre vie, mais il s'étend et s'élève plus haut que nous ne pouvons l'imaginer, et plus largement que l'homme ne peut percevoir.

 

En vérité, chaque action met en mouvement chaque atome de l'univers.

 

 

Question: Qu'entendez-vous en disant que le souffle donne nourriture et souffle aux centres?

Réponse: Nourriture et souffle à la fois. La nourriture prise dans le souffle, et le souffle aussi dans un sens symbolique: le souffle créé par le pouvoir de vibration. Tout juste comme dans une machine, la vapeur est nécessaire aussi bien que le mécanicien, ainsi dans le travail des centres, deux choses sont nécessaires: l'alimentation par une nourriture plus subtile inhalée par le souffle et les vibrations de mouvements plus subtils créés par la répétition d'un certain mot. Ces mots mettent certains atomes en mouvement, et ainsi les centres viennent à nouveau à la vie.

 

Question: Quelle est la valeur des mots sacrés?

Réponse: Le mental a ses propres vibrations. Par exemple, une personne étant dans un état d'esprit chaotique vient dans votre présence et vous le sentez aussitôt. Par conséquent, la pensée a ses vibrations, mais la pensée et la parole ensemble rendent la vibration plus parfaite, plus puissante.

 

Question: Est-ce que les gens vivraient plus longtemps si les conditions étaient meilleures?

Réponse: Il y a eu des époques où les hommes vivaient beaucoup plus longtemps que maintenant. La vie n'est pas destinée à être douloureuse, et pourtant dans la vie humaine on fait l'expérience de la douleur en toute chose: douleur dans la naissance, douleur dans la mort. Cela ne devrait pas être, cela vient d'une vie artificielle, d'un mode de vie non naturel. L'homme est allé très au-delà du mode de vie normal.

 

Question: Voudriez-vous nous dire davantage au sujet de l'entraînement des Soufis et de celui des Yogis?

Réponse: Les Yogis de l'ancien temps avaient seulement une méthode d'entraînement: l'entraînement du centre de la tête pour rendre la vision perçante et la perception profonde; mais l'entraînement du cœur est la méthode soufie. Ce n'est que depuis la période de Krishna que survint parmi les Yogis l'entraînement de "bhakti". Les Soufis ont toujours considéré que l'entraînement du cœur et de la tête donnait l'équilibre dans la vie. Si on visite dans l'Inde les lieux fréquentés par les grands Yogis, l'atmosphère et l'impression que l'on retire de leur présence est très puissante. L'impression est que toute chose est sans valeur et que rien n'en vaut la peine dans la vie. Ils ne désirent qu'une chose, et c'est de s'en éloigner, et en s'en éloignant de s'élever au-dessus. Cela vous fait sentir qu'on ne désire pas rester un seul moment de plus dans le monde. On voudrait aller dans les cavernes et les forêts, et passer sa vie entière dans la paix éternelle, la seule vraie exaltation et le seul vrai bonheur qu'il y ait. Et puis il y a le sentiment, en présence du Yogi, que rien n'existe, pas même les arbres, les plantes, les animaux. L'irrésistible influence du Yogi est telle que la personne sent sur le moment qu'elle est aveugle et sourde au monde entier. Elle sent seulement l'Être Unique et Éternel. Rien n'existe avec Lui et dans sa Présence vous pouvez même arriver à un point où vous ne connaissez plus aucune sorte d'existence.

Dans la présence du Soufi, vous sentez l'atmosphère de l'amour, de la douceur, de l'affection, du service, de la sociabilité, de la bienveillance, parce que le thème central du Soufi est Dieu, son Bien-Aimé. Ainsi vit-il dans la présence de son Bien-Aimé, et l'amour il le considère comme la vie. Ainsi, dans sa présence, vous avez le sentiment de la plénitude, de la joie et du parfum de roses, d'encens, apportant l'extase avec la joie. Beaucoup, dans leur déception, le cœur brisé et dans les ennuis, s'en viennent en présence du Soufi, et par sa parole, son regard, son silence, son atmosphère, reçoivent courage pour continuer à combattre, courage pour envisager l'avenir dans la vie: si elle n'est pas bonne maintenant, elle sera meilleure demain; ce qu'on ne peut pas atteindre maintenant, demain ce sera possible de l'atteindre. Un Soufi a toujours de l'espoir. Tandis que l'idée du Yogi commence avec l'objectif de perdre son moi et de vivre dans la perfection de Dieu - le Soufi commence son voyage vers la perfection, dans l'âme humaine d'abord; et cela le Soufi le considère comme sa tâche à accomplir en venant sur la terre. Après qu'il a accompli cela, l'autre tâche, à laquelle s'exerce le Yogi, ne lui est pas si difficile. Il peut alors atteindre facilement cet idéal qui est un pas plus loin. De cette manière, le Soufi accomplit le premier pas pour expérimenter la perfection de l'âme humaine. Un second pas est d'apprendre la perfection de l'Être de Dieu.

Certains ont plus d'affinité avec la voie du Yogi; mais la plupart des gens est attirée davantage par celle du Soufi. Imaginez si tous quittaient le monde et s'en allaient dans les cavernes et les forêts pour devenir des sages, alors que serait le monde sans aucun de ceux qui sont sages?

Le Pouvoir du Yogi est tel que sa présence est une ivresse. Au tempérament indien la méthode du Yogi convient davantage. "Vairâgya" est très cher aux gens de l'Inde. La présence du Yogi en convainc beaucoup de la futilité de la vie.

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Le Grand Cycle de l'Âme       La répétition

 

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